Il y a quatre ans, la campagne électorale pour la présidentielle américaine de 2012 était déjà bien entamée en mai. Dès janvier et février, les candidats se déclaraient, et consacraient par la suite leur temps à lever des fonds, à participer à des débats et à sillonner l'Iowa et le New Hampshire. Rien de tout cela cette année. Déjà, seuls les républicains se cherchent un candidat cette fois-ci, ce qui diminuera déjà l'activité de moitié. Mais peu d'entre eux se sont formellement déclarés à ce stade de l'année. Quasiment personne dans les candidatures définitives, quelques uns dans les "créations de comités exploratoires en vue d'une candidature", plus d'autres dont on ne sait rien de leurs intentions. A 18 mois de l'élection proprement dite, il est forcément très compliqué d'anticiper correctement les choses. Ce blog en sait quelque chose, puisqu'il douta autrefois de la possibilité pour Barack Obama d'obtenir l'investiture, et déclara carrément John McCain fini avant même la fin des primaires. Et si cela ne suffisait pas, le cours actuelle de la présidentielle française montre bien que tout est toujours possible. Tentons quand même de voir où on en est actuellement.

Après la présidentielle précédente, trois ou quatre candidats semblaient évidents. Il y avait d'abord les "finalistes" de la primaire républicaine, Mike Huckabee et Mitt Romney. Mike Huckabee n'ira pas. Le cœur n'y est pas, et ce d'autant moins que cela voudrait dire renoncer à un salaire confortable d'animateur, pour des chances de réussite finale assez minces. Mitt Romney ira, et sera même l'un des favoris. Son bilan en tant que gouverneur du Massachusetts est d'ores et déjà attaqué par ceux qui le trouvent pas assez à droite. Sarah Palin, l'ancienne candidate à la vice-présidence, doit toujours annoncer sa décision sur cette échéance. Lorsqu'elle a démissionné de son mandat de gouverneure de l'Alaska, cela lui dégageait du temps pour des activités politiques nationales. Néanmoins, son manque flagrant de fond et ses sorties médiatiques erratiques semblent l'avoir proscrite auprès d'une large frange de la population. Tim Pawlenty, alors gouverneur du Minnesota, fut envisagé comme possible colistier de John McCain en 2008. Il semble aujourd'hui l'un des plus déterminés à devenir Président. Il impressionne peu de monde, mais n'est rejeté par personne, ce qui est un bon début. Il a toutes les qualités d'un candidat honorable.

Les candidatures suivantes sont plus compliquées. Deux candidats ont été sortis du jeu politique actif il y a longtemps : Newt Gingrich, l'ancien opposant numéro 1 à Bill Clinton, veut accéder à la Maison Blanche, après s'être fait sortir il y a plus de douze ans dans l'opprobre. Rick Santorum, un ancien sénateur conservateur, se verrait bien également à ce poste malgré une défaite marquante il y a quatre ans. Il y a aussi l'inénarrable milliardaire Donald Trump et le chantre du libertarianisme Ron Paul, qui ont tous deux peu de chance d'être désignés par le Parti Républicain. Le reste des participants est composé de personnalités mineures, sauf si le gouverneur de l'Indiana Mitch Daniels, décrit comme très raisonnable, finit par se décider.

En fait, les républicains ne disposent pas de candidats vraiment marquants, comme on pu l'être Hillary Clinton ou Barack Obama en leur temps. Et même si ce dernier subit une lourde défaite lors des élections de mi-mandat, ses chances restent très bonnes pour novembre 2012. Déjà, il est rare qu'un Président américain ne se voit pas accordé deux mandats. Au cours des cent dernières années, ce n'est arrivée qu'à trois d'entre eux, Herbert Hoover, Jimmy Carter et George H. W. Bush. Ensuite, Barack Obama a démontré lors de la dernière présidentielle son charisme et un sens politique certain. Ses anciens supporters, bien que déçus, peuvent se remobiliser plutôt que de prendre le moindre risque. Alors que bon nombre de candidats républicains potentiels préfèreront attendre 2016, l'opposition ne devrait pas être la plus forte jamais vue. A cela se rajoute sa récente victoire marquante contre le terrorisme, avec la mort d'Oussama Ben Laden.

En fait, le principal espoir des républicains est le fait que Bill Clinton ait réussi à gagner dans des circonstances semblables en 1992. Rien n'est impossible, mais celui-ci fut lui-même avantagé par la présence d'un troisième candidat, Ross Perot. Sinon, cette primaire républicaine ressemble fort à une compétition pour savoir qui se fera battre par Barack Obama.