dimanche 23 octobre 2011
Trois autocrates, trois choix
Par xerbias, dimanche 23 octobre 2011 à 23:53 :: Monde

Pourtant, la révolution du peuple libyen a changé cette perspective. Quand les Libyens ont rejeté Kadhafi suite à l'impulsion donnée par la Tunisie, conformément à la théorie des dominos, les pays occidentaux ne pouvaient plus ignorer le despotisme de ce régime. Ils en étaient bien conscients auparavant, mais ce n'est pas eux de changer les dirigeants politiques des autres pays. Par contre, ils peuvent aider un mouvement démocratique si celui-ci existe, et sous l'impulsion de David Cameron, Nicolas Sarkozy et Barack Obama, c'est ce qui a été fait. C'est donc bien par la volonté du peuple libyen que ceux qui recevaient Kadhafi autrefois ont décidé de hâter son éviction.
En Tunisie, en Egypte et en Libye, il y eut des moments similaires. Les protestations étaient à chaque fois si fortes que les dirigeants occidentaux ont appelé les autocrates respectifs de ces pays à quitter le pouvoir pacifiquement. Ils ont chacun eux une réponse différente. D'abord, il y a eu Ben Ali, qui choisit de quitter le pouvoir et son pays, la Tunisie. Il fut jugé par contumace, mais reste à l'étranger. Ensuite, il y a eu Moubarak, qui choisit lui aussi de quitter le pouvoir, mais préféra rester en Egypte, devenant en quelque sorte un Egyptien parmi les autres. En conséquence, il assiste à son procès. Et puis il y a Kadhafi, dont la morgue ou la bravade lui ont laissé croire qu'il finirait toujours par s'en sortir. Il refusa à la fois de quitter le pouvoir et de quitter le pays. Son obstination eut tôt fait de tranformer la situation en une authentique guerre civile, qui décupla la rage de ses opposants. Dans un tel contexte, il n'y eut même pas de procès : il fut semble-t-il exécuté peu après sa capture, alors qu'il était déjà blessé.
En partants de situations semblables, on arrive donc à des situations différentes, suivant les choix des dictateurs déchus. Ce genre d'événements est marquant pour un pays, et a tendance à se transformer en légendes fondatrices pour les régimes qui en sont issus. Peut-on alors déjà imaginer que les mentalités seront différentes entre les Tunisiens, qui se montrèrent peu violents dans leur révolution, et les Libyens, qui durent faire la guerre pour la faire aboutir ?