Le nouveau site d'information Atlantico.fr a révélé récemment que les squatteurs d'un immeuble lors d'une opération médiatique étaient des salariés tout à fait solvables, mais complètement politisés. Ils ont moins participé à cette histoire parce qu'ils en avaient besoin que parce qu'ils voulaient faire un coup. Ce ne sera pas la première fois, ni la dernière. Mais leur cause en valait-elle la peine ? Qu'il y ait une crise du logement en France, nul ne peut le contester. Celle-ci est plus accentuée dans les grandes agglomérations, conséquence de deux phénomènes : le manque de constructions récentes d'une part, la baisse du nombre d'habitant par logement d'autre part. Néanmoins, le squat ne peut être une solution souhaitable.

Le squat est un vol. L'occupation d'une propriété sans l'accord du propriétaire est révoltante, dans la mesure où il nie le droit de propriété. Rappelons aux défenseurs des droits de l'homme que le droit de propriété est justement l'un des droits naturels et imprescriptibles de l’homme définis par la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 (citée par notre Constitution). Seule la puissance publique peut forcer quelqu'un à renoncer à sa propriété, et encore, avec des limitations. Que n'importe qui puisse s'arroger de sa propre volonté la possibilité de jouir de la propriété d'autrui ne peut pas être accepté. Dès lors, les militants des associations contre le mal logement doivent trouver d'autres moyens d'action que d'essayer de multiplier les squats. Peut-être serait-il plus efficace que ces associations acquièrent elles-mêmes des bâtiments pour les louer aux vrais nécessiteux. La perspective de voir son appartement, acheté par des années de labeur, occupé du jour au lendemain par des gens qui en ont forcé la porte et qui méprisent les droits du propriétaire (sans avoir même la possibilité de les en déloger rapidement) remet en cause gravement notre contrat social.

Voilà pourquoi l'une des décisions récentes du Conseil Constitutionnel sur la loi Loppsi 2 est inexplicable. Sans parler de chacun des autres points abordés par cette loi, l'article 32 permettait d'une part aux préfets de faire évacuer les terrains publics ou privés occupés illégalement, d'autre part permettait la condamnation du fait d'occuper un domicile sans l'autorisation du propriétaire ou du locataire. Il fut censuré. La justification de cette censure est littéralement incompréhensible pour le commun des mortels, l'article 32 n'est quasiment pas évoqué dans la décision, il n'était d'ailleurs même pas attaqué par les députés et sénateurs de l'opposition qui avaient demandé l'examen de la loi par le Conseil Constitutionnel.

Aujourd'hui, avoir un bien squatté constitue un drame pour les propriétaires qui en arrivent généralement à regretter d'avoir fait cette acquisition. Et dans la crise actuelle du logement, ce que l'on souhaite, c'est qu'il y ait davantage de biens à louer, pas moins.