Le Sénat cherche à raviver un vieux serpent de mer de la gauche, à savoir le droit de vote des étrangers aux élections locales. Celui-ci ne se justifie pas, et cela se comprend aisément lorsque l'on cherche les arguments en sa faveur. Le premier tend à considérer une entreprise privée : l'étranger payant des impôts comme les Français devrait pouvoir décider de la façon dont est utilisée son argent. Il s'agit là ni plus ni moins du retour à la logique du suffrage censitaire. Au XIXème siècle, il fallait, selon les régimes, payer un minimum d'impôt ou bien être propriétaire pour pouvoir participer à la démocratie. Ceux qui contribuaient plus étaient alors vus comme plus importants, comme si c'était équivalent à avoir une part importante du capital d'une firme. Fort heureusement, on est passé à autre chose. Quelle place cela laisse-t-il à celui qui ne paye pas d'impôt ? Ce qui prime désormais, c'est la citoyenneté.

Le deuxième argument s'évacue tout aussi rapidement. Il consiste à dire que le droit de vote permettrait de mieux intégrer les étrangers. C'est oublier qu'être étranger n'est pas une fatalité. Ceux appelés à rester jusqu'à la fin de leurs jours en France peuvent très bien demander à obtenir la nationalité française. Une fois français, la vraie question qui se pose est celle de l'assimilation, mais ce n'est pas une condition pour pouvoir voter. Quant à ceux qui ne sont en France que pour une période déterminée, ils sont des invités vivant selon les règles édictées par les hôtes.

Le droit de vote est un droit associé à la citoyenneté, et celle-ci dépend de la nationalité. Le droit de vote aux élections municipales et européennes est accordé aux étrangers qui viennent des pays de l'Union Européenne, car avoir la nationalité de l'un de ces 27 pays permet d'être citoyen européen. Mais il n'y a pas de citoyenneté mondiale, il n'y a pas de réciprocité universelle des droits de vote accordés aux étrangers en dehors de l'Union Européenne. Et à l'heure actuelle, il n'y en a pas besoin. Commençons donc par respecter la citoyenneté française plutôt que de chercher à la vider de son contenu.