Dans six mois, le second tour de l'élection présidentielle aura eu lieu. D'ici un ou deux mois, la campagne électorale tournera à plein régime. La plupart des candidats se sont déjà déclarés. A priori, celui qui se présentera en dernier sera Nicolas Sarkozy, le Président sortant. Il aura défendre un projet, mais aussi un bilan. Alors que son mandat s'est écoulé aux neuf dixièmes, à quoi ressemble celui-ci ? Comme d'habitude, l'Histoire jugera des conséquences de son action sur le long terme, mais il est déjà possible d'observer dès maintenant ce qui a été fait, et ce qui ne l'a pas été. Comme pour tout, il y a des bonnes et des moins bonnes choses. Commençons donc par les aspects négatifs...

Le changement opéré par Nicolas Sarkozy n'a pas été aussi fort qu'espéré dans plusieurs secteurs. En matière économique notamment, le maintien de l'Etat Providence signifie toujours des déficits publics structurels qui ne sont pas combattus avec suffisamment d'efforts. Malgré le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux, l'Etat peine à tailler dans ses dépenses, alors que c'est la voie à emprunter pour équilibrer les comptes publics. En même temps, la France reste gravement handicapée par les grèves et blocages syndicaux de toute sorte.

Le service minimum dans les services publics, souvent promis, ne s'est pas concrétisé. Dans les transports en commun en particulier, on a tout juste parlé d'une vague obligation d'information, ce qui ne peut contenter des voyageurs livrés à eux-mêmes dans un enfer quotidien.

En matière de politique budgétaire, le bouclier fiscal et la baisse de la TVA dans la restauration étaient des mesures qui pouvaient se justifier moralement, mais dont on n'avait tout simplement pas les moyens. De même, le grand emprunt a été vu comme une manne d'argent inespéré pour beaucoup, une somme dont on ne savait pas trop quoi faire. Notre endettement est bien trop fort pour qu'on puisse se le permettre.

La politique économique française s'est trop souvent concentré sur des relances de la consommation, quand ce qui manque à l'économie française, c'est une hausse des investissements. Au final, on ne fait que redistribuer l'argent que l'on a pas.

Le financement de la presse en ligne est une mesure néfaste pour l'indépendance de la presse, mais aussi pour nos finances publiques. Il devrait être supprimé au plus tôt.

Comme avec les gouvernements précédents, on expérimente beaucoup trop dans l'Education Nationale, avec une nouvelle réforme avec chaque nouveau ministre. Pendant ce temps-là, on renonce consciemment à maintenir le niveau des élèves, par exemple en sabordant les programmes scolaires.

La politique culturelle n'a pas été bonne. Pour commencer, la sanctuarisation du budget de la culture ne se justifiait absolument pas avec nos difficultés budgétaires, surtout que l'argent est régulièrement gâché. La publicité sur les chaînes de télévision publiques n'aurait pas dû être supprimée.

Si l'objectif de limiter le gouvernement à quinze membres à égalité d'hommes et de femmes fut initialement respecté, ce ne fut plus le cas au gré des remaniements où le considérations politiciennes ont trop souvent primé. On a ainsi vu passé un improbable ministère de la relance (quand celui du budget aurait très bien pu faire l'affaire), et l'élimination des centristes du gouvernement ne peut pas être considéré comme une bonne chose.

Pour éviter toute possibilité de contestation interne, Nicolas Sarkozy a décidé de mettre en sommeil son propre parti. Il n'est pas certain que cela l'ait vraiment servi.

Bien que promise, la réforme des institutions n'était pas nécessaire. On s'en rend d'ailleurs compte à l'usage.

A certains moments, le style a fait défaut à Nicolas Sarkozy, il est difficile de le contester. Mais ce n'est qu'une question de forme. Le népotisme pratique dans les Hauts-de-Seine est plus grave.

Malgré tout ce qui a été dit, la France reste globalement laxiste en matière de politique de sécurité. La distribution des forces policières reste à améliorer, et le système judiciaire est bien trop politisé... D'une manière générale, c'est la société toute entière qui tend à croire que les délinquants sont des victimes, ce qui ne peut que nous nuire.

L'assouplissement des règles de sans-papiers ne se justifiait pas. D'une manière générale, la politique migratoire ne fut pas si différente de celles menées précédemment.

Le projet d'Union Méditerranéenne s'est révélé être un échec, handicapé d'une part par le conflit Israélo-palestinien, et d'autre part par la méfiance de la Turquie, qui se méfait de ce qui était bien l'embryon du partenariat privilégié qu'on lui souhaite. La France a au moins eu le mérite d'essayer. On verra dans les prochaines années comment se transformera la Méditerranée avec les nouveaux gouvernements nés issues des révolutions de cette année.

Voilà donc ce qui peut lui être reproché. D'ici peu, nous verrons les changements positifs qu'il a apportés.