Redistribuer l'argent que l'on n'a pas
Par xerbias, jeudi 2 décembre 2010 à 12:08 :: Economie :: #525 :: rss
L'économie d'un pays peut avoir trois moteurs : la consommation, les investissements et les exportations. Dans chacune de ces catégories, des différences importantes peuvent exister entre les différentes économies. Par exemple, l'Allemagne et le Japon sont tous les deux des pays fortement exportateurs, mais l'Allemagne exporte surtout des biens d'équipement quand la Chine produit des biens de consommation pour le monde entier. Malgré ses atouts dans le luxe ou l'agro-alimentaire, la France a une balance commerciale négative. Faute de compétitivité, de nombreuses entreprises françaises ont fermé ou délocalisé dans des pays à bas coûts. La France se distingue également par un manque chronique d'investissements de ses entreprises, qui explique en partie d'ailleurs cette faible compétitivité.
Faute de deux moteurs sur trois, la croissance économique française ne peut être faramineuse. Mais au moins on se satisfait du fait que la consommation tienne le coup malgré tout, et permette à la France de connaître un peu de croissance chaque année. Certains économistes affirment fréquemment qu'il faut favoriser la croissance en encourageant la consommation, comme si c'était le seul moteur possible. Dans leur esprit, la consommation est encouragée en donnant aux ménages les plus modestes des revenus supplémentaires, car ils seront plus enclins à le dépenser rapidement. Ils préféreront en effet répondre à leurs besoins immédiats plutôt que l'épargner.
Dans cette théorie de stimulation de la consommation, il faut effectuer un travail de redistribution des revenus. Le but est de prendre une partie des revenus de ceux qui en ont le plus pour le redistribuer à ceux qui en ont le moins. C'est une manière de combattre les inégalités, et la France pratique déjà ce type de politiques de façon intensive. Les cotisations sociales, les impôts sur le revenu, sur les plus values, et même sur le patrimoine n'ont rien de négligeable. De l'autre côté, les ménages les moins favorisés sont très largement aidés, que ce soit par des versements directs d'argents (avec les subventions de toute sorte, la prime pour l'emploi, le RSA) ou bien par des mécanismes comme l'assurance maladie par exemple.
Seulement, on pourrait penser que l'on applique bien une politique de redistribution si les comptes publics étaient à l'équilibre. Or cela fait une trentaine d'années maintenant que les déficits publics sont récurrents, créant une dette publique colossale. Il s'avère donc que l'on redistribue l'argent que l'on a pas. La consommation française se fait donc à crédit. Normalement, le mécanisme du multiplicateur keynésien explique qu'un afflux d'argent public financé par le déficit permet de créer une croissance économique dont les subsides permettront à terme de rembourser ce même déficit. Mais la permanence de cette consommation à crédit montre que l'économie est sous une drogue anesthésiante, qui n'a aucune chance de créer de vraies opportunités de croissance.
Il est donc inutile de vouloir redistribuer davantage quand l'on "redistribue" ce que l'on a pas dès le départ. Si la France ne pourra se transformer rapidement en une économie fortement exportatrice, elle peut néanmoins améliorer ses fondamentaux économiques en favorisant l'investissement dans les entreprises. Cela peut autant contribuer à la croissance économique, et il y a de meilleures chances pour que cela créé à l'avenir les conditions d'une consommation saine des ménages français.
Faute de deux moteurs sur trois, la croissance économique française ne peut être faramineuse. Mais au moins on se satisfait du fait que la consommation tienne le coup malgré tout, et permette à la France de connaître un peu de croissance chaque année. Certains économistes affirment fréquemment qu'il faut favoriser la croissance en encourageant la consommation, comme si c'était le seul moteur possible. Dans leur esprit, la consommation est encouragée en donnant aux ménages les plus modestes des revenus supplémentaires, car ils seront plus enclins à le dépenser rapidement. Ils préféreront en effet répondre à leurs besoins immédiats plutôt que l'épargner.
Dans cette théorie de stimulation de la consommation, il faut effectuer un travail de redistribution des revenus. Le but est de prendre une partie des revenus de ceux qui en ont le plus pour le redistribuer à ceux qui en ont le moins. C'est une manière de combattre les inégalités, et la France pratique déjà ce type de politiques de façon intensive. Les cotisations sociales, les impôts sur le revenu, sur les plus values, et même sur le patrimoine n'ont rien de négligeable. De l'autre côté, les ménages les moins favorisés sont très largement aidés, que ce soit par des versements directs d'argents (avec les subventions de toute sorte, la prime pour l'emploi, le RSA) ou bien par des mécanismes comme l'assurance maladie par exemple.
Seulement, on pourrait penser que l'on applique bien une politique de redistribution si les comptes publics étaient à l'équilibre. Or cela fait une trentaine d'années maintenant que les déficits publics sont récurrents, créant une dette publique colossale. Il s'avère donc que l'on redistribue l'argent que l'on a pas. La consommation française se fait donc à crédit. Normalement, le mécanisme du multiplicateur keynésien explique qu'un afflux d'argent public financé par le déficit permet de créer une croissance économique dont les subsides permettront à terme de rembourser ce même déficit. Mais la permanence de cette consommation à crédit montre que l'économie est sous une drogue anesthésiante, qui n'a aucune chance de créer de vraies opportunités de croissance.
Il est donc inutile de vouloir redistribuer davantage quand l'on "redistribue" ce que l'on a pas dès le départ. Si la France ne pourra se transformer rapidement en une économie fortement exportatrice, elle peut néanmoins améliorer ses fondamentaux économiques en favorisant l'investissement dans les entreprises. Cela peut autant contribuer à la croissance économique, et il y a de meilleures chances pour que cela créé à l'avenir les conditions d'une consommation saine des ménages français.
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