Le projet d'union méditerranéenne défendu par Nicolas Sarkozy et son conseiller Henri Guaino surprend les capitales européennes, qui ne s'attendaient pas à voir un nouveau grand projet mis sur la table à la grâce d'une campagne présidentielle française. Malgré des réticences initiales des deux côtés de la Méditerranée, la pensée principale s'est révélée être un "pourquoi pas" lorsque fut décidé le rattachement du concept au Processus de Barcelone, signifiant ainsi que c'est toute l'Union Européenne qui allait entrée dans cette nouvelle union, plutôt que les seuls membres ayant des côtés sur la mer en question.

Le contenu de l'union méditerranéenne n'est pas une préoccupation majeure : ce serait certainement l'occasion de faire une zone de libre échange entre l'Europe et des pays d'Afrique du Nord, du Proche-Orient et de l'Asie mineure. Ce à quoi pourrait se greffer certains projets concrets, tels que la gestion des voies maritimes. Enfin, tout le processus pourrait contribuer à favoriser la paix entre les pays concernés, à l'heure où certains se font peur à force d'aligner les incompréhensions. Mais justement elle ne pourrait probablement pas aller plus loin : les différences de conception politiques sont trop marquées, et il n'y a aucune chance que les différents peuples concernés acquiescent au moindre partage de souveraineté. Il faut dire que certains pays arabes sont des dictatures historiques, et le clivage politique de quelques pays se fait entre les islamistes et les nationalistes. Cela ne peut être en aucun cas un terrain fertile pour une union véritablement politique.

Néanmoins, ces collaborations peuvent être utiles à tout le monde, et dès lors elles ne doivent pas être négligées. L'union méditerranéenne peut être le partenariat privilégié entre l'Union Européenne et des pays non-européens qui avait déjà été évoqué par des personnalités politiques européennes depuis bien longtemps. Certains pays, comme la Turquie ou le Maroc, n'ont pas vocation à entrer dans l'Union Européenne, mais peuvent apporter et bénéficier des avantages inhérent à ce nouveau type d'union. Alors que l'Union Européenne ne peut plus veiller à la fois s'élargir et approfondir ses politiques, elle peut en revanche progresser dans ses affaires internes, et créer un nouveau partenariat, bien moins contraignant, avec les pays qui ne sont pas en Europe mais avec lesquels elle souhaite entretenir d'excellentes relations fertiles. Et il faut assumer dès le départ cet aspect là de l'union méditerranéenne, sous peine d'être menacé par des malentendus encore plus dangereux s'ils se révèlent trop tard.