La France est une démocratie représentative. Le mandat impératif est d'ailleurs proscrit dans sa Consitution. Mais cela veut alors dire que le peuple élit ses représentants uniquement sur leur personnalité : en effet, au moment du choix, si un candidat n'est constitutionnellement pas tenu de faire ce qu'il a annoncé avant l'élection, sur quoi peut se reposer l'électeur ? Il ne lui reste alors que la bone mine du candidat. Mais celui-ci ne garantit pas pour autant sa bonne mine, ou la constance de sa personnalité. S'il se fait élire sur la base du fait qu'il est un homme généreux, il pourra être arrogant et égocentrique pendant tout son mandat sans que cela ne lui pose problème. Normalement, le bilan est fait lors de l'élection suivante. Et en cas de déception, il ne reste plus aux électeurs qu'à faire un nouveau pari sur la bonne impression laissée par tel ou tel candidat.

Ce système peu satisfaisant n'est évidemment pas appliqué en politique. Les électeurs peuvent légitimement demander aux candidats ce qu'ils pensent sur les différents sujets, et ce qu'ils comptent faire. Certes, les élus ne sont pas constitutionnellement tenus de faire ce qu'ils ont annoncé en tant que candidat. Mais qu'il y ait une parfaite indépendance entre ce qu'ils ont dit et ce qu'ils font ensuite a le don d'exaspérer une bonne partie des électeurs, qui considèrent que l'élection est le moment où l'on choisi le meilleur des candidats non seulement sur sa personnalité, mais aussi sur ses convictions et son projet. Dès lors, est-ce trop demander aux responsables politiques d'être constants dans leurs appréciations, sous peine que le peuple se sente floué et méprisé, dans le sens où il est tenu pour incapable de songer correctement aux affaires publiques ? Le mandat représentatif pris au pied de la lettre ne peut que favoriser la rupture du lien entre les gouvernants et les gouvernés.

Nicolas Sarkozy a fait campagne dès son intronisation sur un programme, qu'il a répété inlassablement pendant des mois. A l'intérieur de ce programme, on trouve des mesures attendues et nécessaires depuis bien longtemps, dont l'absence de courage politique a empêché jusque là l'adoption. Il s'est engagé sur ce programme, et de ce fait, son but sera de ne pas être pris en défaut dessus. Il n'a donc pas le choix, il doit appliquer ce programme pour lequel il a été élu, et c'est justement la légitimité d'une élection à forte participation dont il a été le vainqueur clair qui lui permet de l'appliquer. Nicolas Sarkozy doit désormais appliquer son programme. Il l'appliquera. Il a cinq années pour cela, et au bout de cette période, on fera les comptes. Il le sait certainement mieux que quiconque, il vaudra mieux à ce moment là que l'on ne puisse pas lui faire de reproche sur ce point. Si jamais il venait à manquer de courage, pour au bout du compter manquer au peuple français, ce ne serait pas seulement sa fin politique, ce serait aussi un nouveau coup dur pour le système politique français.