Cela a été unanimement reconnu : Nicolas Sarkozy a réussi sa sortie. Dès le soir du second tour de la présidentielle, l'homme qui fut pourtant présenté comme non républicain a reconnu sa défaite, a remercié les Français et a souhaité bonne chance au nouveau Président. En invitant celui-ci à célébrer ensemble le 8 mai, il a montré qu'il était celui qui rassemble, tant dans la défaite que la victoire. Cette défaite est loin d'être cinglante, elle est même honorable. Evidemment, il aurait quand même préféré accomplir un second mandat. Mais comment aurait-il pu l'obtenir ? Par une stratégie plus centriste ? En essayant d'obtenir un meilleur report de voix des électeurs de Marine Le Pen ? Difficile à dire. En fait, la tâche paraissait insurmontable avant que la campagne commence. Il était d'ailleurs déjà enterré par l'ensemble de la presse, qui ne le voyait même pas franchir le premier tour. Pendant son quinquennat, il avait fait des erreurs, notamment sur son style ou sa famille. La crise financière a eu des répercussions politiques partout en Europe, seule Angela Merkel ayant réussi à se maintenir au pouvoir, capitalisant sur des réformes structurelles qui ont relancé l'Allemagne. Enfin, depuis 30 ans, en France, on sort les sortants, par principe.

Dès qu'il fut élu en 2007, on pouvait donc se douter que l'élection de 2012 serait autrement plus compliquée pour Nicolas Sarkozy. Il fallait donc en tirer les conséquences. "L'énergie que l'on met à durer, on ne la met pas à faire" avait coutume de répondre Nicolas Sarkozy, lorsqu'on lui posait assez tôt la question d'un second mandat. La meilleure des choses aurait donc été de tenir compte de ce principe. Trop souvent, la politique de la majorité a été altérée en se souciant des courbes d'opinions ou d'échéances électorales. Cela ne fut pas d'une grande utilité : l'exécutif fut impopulaire, et à part les élections européennes, les élections locales ont été largement perdues. Le mandat donné par les Français avait pourtant une durée de cinq années, et portait sur la "rupture". Eh bien il aurait fallu cinq années de rupture.

Nicolas Sarkozy, sixième Président de la République, aurait donc du utiliser toute son énergie à vraiment changer la France, en impulsant les réformes structurelles qui lui font tellement défaut. Certaines ont été faites. Mais ce n'était qu'une petite partie de ce que la France avait besoin. Dans de nombreux cas, ce sont des textes profondément édulcorés qui ont été adoptés, provoquant autant de rage protestatrice que si aucune concession n'avait été faite, mais apportant en fin de compte peu de changements. "On tiendra bon" avait dit Jean-François Copé il y a cinq ans. Si seulement...

Si la défaite était inévitable, il aurait donc fallu en profiter pour vraiment changer les choses et vaincre les conservatismes. Ce sera probablement le principal regret de cette Présidence. Il y a un autre regret associé à cette défaite : que celui qui soit amené à remplacer Nicolas Sarkozy soit quelqu'un comme François Hollande. Au sein de l'opposition, c'était loin d'être le plus brillant, nous voilà réduits à espérer qu'il deviendra un autre homme une fois élu, et qu'il n'appliquera pas son funeste programme.