La France est célèbre pour son concours Lépine fiscal permanent, mais ces temps-ci, on bat des records en matière d'inventivité en la matière. On a ainsi vu passer la possibilité d'assujettir à la redevance audiovisuelle les résidences secondaires, en considérant probablement que les propriétaires étaient capables de regarder la télévision à deux endroits différents en même temps. Le pire, c'est qu'il ne s'agissait même pas de désendetter l'Etat, mais simplement de donner de nouvelles ressources à France Télévisions. Qui peut croire qu'on peut sortir de la crise économique actuelle en augmentant le budget du divertissement public ?

Le budget de l'Etat 2013 n'est dédié qu'à une seule chose : les impôts. La France était déjà un des pays de l'OCDE au plus fort taux de prélèvements obligatoires, mais ses services publics n'avaient pour autant les mêmes performances que les pays comparables. Le choix a été fait d'augmenter encore davantage la pression fiscale, sans se soucier de l'utilisation de l'argent public. C'est bien évidemment le contraire de ce qu'il aurait fallu faire. Plutôt que d'accabler la classe moyenne de nouveaux impôts oblitérant son pouvoir d'achat et son épargne, il fallait réduire la dépense publique en améliorant l'organisation du secteur public. Par exemple, le député socialiste René Dosière a pointé du doigt l'incongruité des communautés de communes lorsqu'existent encore les municipalités. Il a raison. Ces communautés de communes se justifient lorsqu'il s'agit de rassembler de petites communes ne pouvant assumer des équipements publics seuls, mais dans ce cas, il faut remettre en cause l'existence de l'échelon communal, quitte à opérer des fusions de municipalités. Pour les communes plus grandes, l'intérêt est beaucoup moins flagrant, et dans bien des cas, il ne s'agit que de créer un nouvel échelon, pouvant lever son propre impôt, sans que diminuent les autres impôts locaux.

De même, la remise en cause des conseils généraux semble avoir enterrée par la nouvelle majorité, alors que personne n'est capable d'expliquer pourquoi il y a à la fois un échelon politique régional et un échelon politique départemental. Mais les communautés de communes, les conseils généraux et les conseils régionaux sont autant d'endroits où l'on peut caser du personnel politique dans des postes d'élus, et pendant qu'on y est, se mettre à la tête d'une administration dédiée souvent noyautée par des apparatchiks du parti. A ce propos, on apprend que les élections régionales et cantonales ont été fort opportunément repoussées d'un an. Pendant ce temps là, les gâchis continuent.

La France ne peut plus se payer toute cette bureaucratie, mais la frénésie des taxes perdurent malgré tout. Ursaff, Cancras et Carbalas ont encore de beaux jours devant eux. La dépense publique et la compétitivité des entreprises françaises restent deux dossiers cruciaux que le gouvernement refuse obstinément d'ouvrir, alors que ce devraient être deux priorités. Combien de temps cela pourra encore durer ? Ronald Reagan avait bien résumé cette philosophie économique : "Si ça bouge, taxez-le. Si ça continue de bouger, régulez-le. Et si ça s'arrête de bouger, subventionnez-le." On comprend mieux comment on en est arrivé là...