Depuis le départ du Parti Radical de l'UMP il y a quelques mois, une candidature de Jean-Louis Borloo était probable, mais pas certaine. Il a annoncé hier qu'il ne se présenterai pas, citant comme première raison la division du centre. Cela gène fort ses soutiens, qui ne s'étaient pas gênés pour critiquer très voire trop rudement le gouvernement, alors que Jean-Louis Borloo s'en gardait bien. Mais en soi, il n'avait pas tort sur le fond. Pendant plusieurs mois, il a effectivement cru qu'il se présenterait. Et s'il le lançait, d'après ce qu'il disait et dit encore, cela aurait été pour gagner. Or il a tout simplement constaté que les conditions de la victoire n'étaient pas réunies, et qu'il avait très peu de chances d'arriver au second tour. Et comme être Président n'a jamais été le rêve de sa vie, et qu'il ne voyait pas l'intérêt d'une candidature de témoignage comme il y en a bien d'autres, il a préférer se retirer de la course.

Mais s'il s'est retiré de la course officielle, il pourrait très bien rester dans la présidentielle d'une autre manière. Son enjeu serait alors non pas d'être élu Président, mais d'arriver à un résultat presque semblable : que ses idées politiques soient appliquées. En 2010, Nicolas Sarkozy a humilié les centristes par un remaniement qui les écartait de la gestion du pays, et qui récompensait des personnalités à la loyauté éprouvée mais aux considérations simplistes, telles que celles de la droite populaire. C'est peut-être une façon de circonscrire le Front National, mais pour remporter la prochaine présidentielle, cela ne suffira pas. Nicolas Sarkozy devra se montrer rassembleur, mais après cinq années au pouvoir, ce sera sans doute très compliqué.

Il aura donc besoin d'un souffle d'air nouveau, pouvant compenser au moins partiellement l'image d'usure du Président sortant. Jean-Louis Borloo, en étant sorti du gouvernement depuis près de deux ans et en apportant une inflexion centriste, pourrait apporter cet atout stratégique. Il y a cinq ans, l'hypothèse d'un ticket Sarkozy-Borloo avait déjà des partisans. Pendant la campagne électorale, Jean-Louis Borloo avait déjà été l'une des dernières personnalités de la majorité à déclarer son soutien à Nicolas Sarkozy. Il cherchait certainement des garanties pour apporter son soutien, mais fort de sa popularité d'alors, le candidat pouvait s'en passer. Il n'est pas sûr que ce soit le cas aujourd'hui, et on peut imaginer que Jean-Louis Borloo soit tenté d'un calcul similaire, espérant plus de succès cette fois-ci.

L'intérêt de Jean-Louis Borloo serait donc de continuer à essayer de faire monter son profil et son capital politique (ce qui suppose d'entretenir son réseau de soutiens), sans risquer les coups d'une campagne. Il affirme ne pas avoir négocié un poste avec l'Elysée, mais il pourra toujours le faire pendant la campagne, au moment où on aura le plus besoin de lui à droite. Dès lors, il pourrait endosser lui-même la fin de la campagne de Nicolas Sarkozy, luttant à son tour pour le pouvoir sous le prête nom présidentiel. Bien sûr, un tel calcul est très incertain, et n'évite pas le risque de la défaite. Mais c'est au moins une hypothèse intéressante.