Le dumping balte
Par xerbias, jeudi 20 décembre 2007 à 18:26 :: Europe :: #256 :: rss
En 2004, une entreprise lettone de BTP est engagée pour un chantier de rénovation sur un batiment scolaire en Suède. A ce moment-là , l'entreprise lettone ne réussit pas à négocier à la baisse les salaires des ouvriers suédois qu'elle avait prévu d'embaucher, et décide en conséquence de faire venir des ouvriers lettons qui travailleront pour des conditions plus défavorables. Les syndicats d'ouvriers suédois, en colère contre la concurrence faite par les travailleurs lettons qui sont prêts à accepter des traitements moins avantageux, décident de se mettre en grève sur ce chantier. L'entreprise lettone est alors durement touchée et ne s'en relève, elle se voit obliger de fermer et de renvoyer les ouvriers lettons en Lettonie. Surtout, elle s'oppose de façon frontale à l'action des syndicats en allant réclamer la réparation du préjudice en présentant l'affaire devant la Cour européenne de Justice de Luxembourg. Et elle a obtenu gain de cause. La Cour a considéré que l'obligation pour l'entreprise lettone d'obéïr à la convention collective suédoise pour les chantiers réalisés en Suède relevait de la discrimination, alors que la liberté de prestation de service est un droit fondamental.
Voilà qui est étonnant, ou qui devrait l'être. Certes, les institutions européennes reposent sur une conception libérale de l'économie, l'union politique s'étant construite sur les bases d'une zone de libre échange. Mais le libéralisme considéré ainsi est assez poussé, dans la mesure où les règles de droits considérées ne sont plus celles d'où se déroulent les travaux, mais celles de l'origine de l'agent économique, pour faciliter son adaptation aux différents marchés nationaux. En tout état de cause, ce sont donc désormais les marchés nationaux qui ont à s'adapter à des agents économiques qui pourront compter sur la législation de leur pays d'origine. C'est bien là le retour du raisonnement que tenait le commissaire européen Fritz Bolkestein, dans son absurde directive sur le marché intérieur des services. Il pronait le principe du pays d'origine pour les entreprises de services s'installant à l'étranger : les règles qu'elles devraient suivre seraient celles du pays dont elles seraient originaires. Le but est alors de limiter les freins à la concurrence. Le résultat est de faire apparaître au maximum la compétitvité des entreprises venant des pays où la législation sociale est la plus faible et dont les salaires sont les moins élevés.
Pour des pays à la législation sociale protectrice comme la Suède, les entreprises locales sont certaines alors de perdre dans leur propre pays face à des entreprises venant de pays aux conditions de travail moins favorables. C'est ni plus ni moins que l'application du dumping dans le domaine du service, après que la concurrence des pays à bas coûts ait déjà détruit l'essentiel du secteur secondaire des pays d'Europe occidentale. Pour bon nombre d'Européens, cette situation est intolérable. Et les institutions européennes sont en tort de vouloir toujours plus de concurrence dans l'Union Européenne, alors que celle-ci n'apparaît pas toujours au service des Européens. Le décalage devient considérable entre les citoyens européens et les institutions européennes, et la décision de la Cour européenne de Justice en est un exemple flagrant. Comment s'étonner, alors, des reticences des Européens vis-à -vis de l'Union Européenne, un projet qui vaut bien mieux que d'être une zone de concurrence totale ? En matière de libre échange, l'Europe a déjà beaucoup oeuvré. Elle creuserait sa propre tombe que de croire que la déréglementation perpétuelle est correllée avec la prospérité de l'ensemble du territoire européen.
Voilà qui est étonnant, ou qui devrait l'être. Certes, les institutions européennes reposent sur une conception libérale de l'économie, l'union politique s'étant construite sur les bases d'une zone de libre échange. Mais le libéralisme considéré ainsi est assez poussé, dans la mesure où les règles de droits considérées ne sont plus celles d'où se déroulent les travaux, mais celles de l'origine de l'agent économique, pour faciliter son adaptation aux différents marchés nationaux. En tout état de cause, ce sont donc désormais les marchés nationaux qui ont à s'adapter à des agents économiques qui pourront compter sur la législation de leur pays d'origine. C'est bien là le retour du raisonnement que tenait le commissaire européen Fritz Bolkestein, dans son absurde directive sur le marché intérieur des services. Il pronait le principe du pays d'origine pour les entreprises de services s'installant à l'étranger : les règles qu'elles devraient suivre seraient celles du pays dont elles seraient originaires. Le but est alors de limiter les freins à la concurrence. Le résultat est de faire apparaître au maximum la compétitvité des entreprises venant des pays où la législation sociale est la plus faible et dont les salaires sont les moins élevés.
Pour des pays à la législation sociale protectrice comme la Suède, les entreprises locales sont certaines alors de perdre dans leur propre pays face à des entreprises venant de pays aux conditions de travail moins favorables. C'est ni plus ni moins que l'application du dumping dans le domaine du service, après que la concurrence des pays à bas coûts ait déjà détruit l'essentiel du secteur secondaire des pays d'Europe occidentale. Pour bon nombre d'Européens, cette situation est intolérable. Et les institutions européennes sont en tort de vouloir toujours plus de concurrence dans l'Union Européenne, alors que celle-ci n'apparaît pas toujours au service des Européens. Le décalage devient considérable entre les citoyens européens et les institutions européennes, et la décision de la Cour européenne de Justice en est un exemple flagrant. Comment s'étonner, alors, des reticences des Européens vis-à -vis de l'Union Européenne, un projet qui vaut bien mieux que d'être une zone de concurrence totale ? En matière de libre échange, l'Europe a déjà beaucoup oeuvré. Elle creuserait sa propre tombe que de croire que la déréglementation perpétuelle est correllée avec la prospérité de l'ensemble du territoire européen.
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