L'Italie retourne à nouveau aux urnes. Deux ans seulement après les dernières élections générales, le système politique italien montre à nouveau son instabilité puisque n'arrivant plus à désigner un gouvernement ayant la confiance des deux chambres. Ce fait est intéressant à remarquer au passage, puisqu'il montre les effets peu attrayants de régimes où les "petits partis" se voient donnés trop d'importance. La leçon devrait être apprise de ce côté-ci des Alpes. Romano Prodi doit donc se retirer, mais il met en avant pour lui succéder le maire de Rome, Walter Veltroni. A la tête d'une coalition de centre gauche, ce dernier affrontera dans les élections d'avril Silvio Berlusconi, l'infatigable homme d'affaires entré en politique il y a de cela une quinzaine d'année. En 2006, Silvio Berlusconi était le Président du Conseil italien sortant, et ne fut battu que de peu. Cette fois-ci les sondages lui sont très favorables, et si sa coalition venait à l'emporter, ce serait la troisièe fois qu'il occuperait le poste de Président du Conseil. Pour beaucoup, il a pourtant une réputation sulfureuse, celle des milliardaires prêt à se servir des chaînes de télévision qu'il possède pour faire sa propagande politique, et de se servir de ses responsabilités politiques pour faire adopter des lois taillées sur mesure pour favoriser sa situation personnelle. A vrai dire, ce sont des faits. Mais si cela suffit à résumer Silvio Berlusconi, comment comprendre alors que les Italiens envisageraient sérieusement de le porter une troisième fois à la tête du pays ?

Le système politique italien force la création de coalitions. En l'occurrence, le parti fondé par Silvio Berlusconi, Forza Italia, a servi de base permettant le rassemblement de la droite et du centre droit italien à ses côtés, Silvio Berlusconi lui même ayant lui même des idées qui forment une synthèse des différents courants. Et de fait, la ligne politique prônée par sa coalition convient bien à de nombreux italiens. Deux partis s'en distinguent suffisamment pour se faire remarquer : l'Alliance Nationale, menée par le conservateur Gianfranco Fini, et la Ligue du Nord, parti nationaliste du nord de l'Italie, dirigée par Umberto Bossi. Pour le reste, Forza Italia rassemble essentiellement des chrétiens démocrates, des libéraux, des conservateurs, et quelques sociaux-démocrates (ou sociaux-libéraux, selon les appelations). La composition de Forza Italia est sensiblement la même que celle de l'ensemble de la droite, et c'est pour cela qu'à partir des années 90 il fut aisé pour les partis chrétiens-démocrates et libéraux de s'allier à lui. Les coalitions ont pu s'appeler Pole des Libertés ou Maison des Libertés, mais toujours est-il que le travail du Cavaliere a permis la montée en puissance d'un camp relativement uni, puissant lors des élections.

Il n'est dès lors pas étonnant qu'aujourd'hui, la fusion de Forza Italia et des autres partis de la coalition (sans la Ligue du Nord, mais avec les conservateurs de l'Alliance Nationale) soit envisagée, dans ce qui serait le "Peuple de la liberté". Le processus est actuellement en cours, et une victoire en avril signerait la réussite de cette fusion. Il est surtout très intéressant de remarquer la similitude de mouvements avec la France, où les partis de droite et de centre droit ont fusionné pour créer un parti se réclamant du peuple, rassemblement de chrétiens démocrates, de libéraux et de conservateurs. Le mouvement français suivait déjà le succès du Parti Populaire espagnol. Ainsi l'on s'aperçoit que dans les principaux pays d'Europe de l'Ouest (la situation allemande n'est pas très éloignée), il y a une certaine similitude de tendances et de pensée politique. Cela peut être caché en Italie aux observateurs par la personnalité de Silvio Berlusconi. Mais au delà des apparences, il y a la force d'un courant de pensée populaire en Italie comme en Europe.