Lors de l'avènement de la cassette VHS, il y eut différents standards d'enregistrement selon les pays pour divers motifs : NTSC, PAL, SECAM... Chacun d'entre eux dépendait des réglementations locales, et les fabricants de magnétoscopes comme les éditeurs de vidéos ont du s'adapter pour proposer des produits correspondants. Cette mésentente a en premier lieu causé du tort au consommateur, qui ne pouvait lire les cassettes qu'il achetait dans un pays étranger sur son propre magnétoscope.

Lors de la création du format DVD vidéo, on pouvait espérer que les choses se passent mieux. Le format avait été créé par les acteurs les plus importants du secteur, il n'était donc plus question de formats différents. Ils choisirent pourtant de créer un système de zonage des DVD, pour qu'ils ne soient pas lisibles dans tous les pays du monde. Un film en DVD n'est lisible que dans une région spécifique, dans laquelle sont également vendus les lecteurs associés. Ce système permet donc de reproduire la fragmentation qui existait entre les différents standards d'enregistrement pour la VHS. Les grands gagnants sont ici les distributeurs de films, qui peuvent ainsi vendre leurs produits à des tarifs et à des calendriers différenciés selon les régions. Le but est de proposer les DVD au prix maximal que les consommateurs sont prêts à payer, et qui est différents dans chaque pays. S'il existait un marché mondial du film en DVD, les différences de tarifs seraient telles qu'il serait parfois rentable d'en importer depuis les pays les moins chers et éviter le circuit de distribution dédié synonyme de prix plus élevé.

Dans cette affaire, les fabricants d'électronique sont complices. Ils implémentent le zonage de leurs lecteurs par complaisance envers les studios hollywoodiens, même s'ils laissent parfois la possibilité de les dézoner plus ou moins facilement. Encore une fois, le grand perdant est le consommateur, qui serait en théorie obligé d'acheter des lecteurs de chaque zone pour pouvoir lire tous les DVD au monde. L'alliance des studios leur permet de former un monopole de fait, et la conséquence négative est le renchérissement du prix des DVD et la diminution du choix pour le consommateur.

Il n'est pas normal que les autorités de la concurrence n'aient jamais fait quoi que ce soit contre cette entrave à la concurrence. Une solution simple aurait été d'interdire le zonage des lecteurs, qui aurait alors rendu inutile celui des disques. Mais rien n'a été fait. Du coup, lors de la création du format Blu Ray, un système de zonage a été de nouveau créé pour continuer cette mascarade. Et comme les lecteurs Blu Ray sont rétrocompatibles DVD, ils ont également été zonés selon les zones de l'ancien format. Tous les studios ne zonent pas leurs disques Blu Ray, mais tous continuent à zoner leurs disques DVD, qui sont toujours de loin les plus vendus. La tonte de la laine du cinéphile a encore de beaux jours devant elle.