Le prix des denrées alimentaires augmente. La raison est bien connue : l'augmentation de la demande mondiale, due à l'élévation du niveau de vie des pays en développement. L'offre est plus faible que la demande, donc les prix augmentent. C'est notamment le cas pour les céréales et du lait, dont la consommation augmente fortement en Asie. Les céréales et le lait sont la base de l'alimentation occidentale, directement ou même indirectement, dans la mesure où ils servent soit pour l'alimentation du bétail, soit dans les produits transformés. Le problème frappe directement l'Europe, et cette hausse des coûts entraîne une inflation, en partie à l'origine du mécontentement actuel autour du pouvoir d'achat.

Pourtant, l'Europe est riche en champs céréaliers et en vaches laitières. Il n'y a pas si longtemps, la principale difficulté agricole que traversait l'Union Européenne était la surproduction. La PAC avait d'abord favorisé une logique productiviste en matière agricole, l'Europe se démarquait en étant une grande exportatrice de céréales, et la production de lait était telle que l'Union Européenne était obligée de garder en réserve des stocks énorme que le marché ne pouvait absorber. Afin de mettre un terme à la surproduction, l'Union Européenne a fait évoluer la logique de la PAC, en incitant par des aides les agriculteurs à diminuer leur production.

Cette politique a couté cher à l'Union Européenne, et continue d'être un point de friction entre les différents pays la composant. Mais aujourd'hui, le marché mondial n'est plus le même. Ce lait et ces céréales qui étaient en trop autrefois, on en a besoin désormais. Il est a priori simple de remettre en cause la politique européenne de diminution de la production, et le processus est probablement déjà en cours. Seulement il faudrait être sûr que cette production bénéficie à l'Europe. A l'origine, la PAC avait été encouragée car elle avait notamment l'objectif d'assurer l'autosuffisance alimentaire de l'Europe, lorsqu'elle était en manque à ce niveau-là. Il faudrait donc revenir à cette base, en faisant en sorte que la production issue des sols européens puissent être préemptées pour l'alimentation du continent. Ce serait une façon de moins souffrir de la hausse de la demande d'autres pays, qui se répercutent sur les prix des produits européens. De plus, ce ne serait que justice dans la mesure où l'Union Européenne a pendant des années dépensé des sommes astronomiques pour maintenir les cours et permettre la survie de nombreux agriculteurs. Il est donc temps que le mécanisme joue désormais à notre avantage et permette de limiter la hausse des prix des produits agricoles venant d'Europe, pour la consommation de ses habitants. L'exportation vient quand l'autosuffisance alimentaire est réalisée, l'Europe produit certainement plus qu'elle ne consomme, mais elle n'a pas à souffrir automatiquement des hausses des cours provenant de pays dont la production ne suit pas l'envol de la consommation.