En 2004, François Bayrou avait décidé que les députés européens issus de son parti, l'UDF, ne siègeraient plus dans le même groupe que les autres partis de droite tels que l'UMP, la CDU ou le Parti Populaire espagnol. En quittant la coalition appelée Parti Populaire Européen pour créer son propre groupe, le Parti Démocrate Européen, François Bayrou cherchait d'abord à se différencier de la droite, au moment où sa stratégie nationale reposait sur un centrisme immaculé. Le motif qu'il donna publiquement fut que le Parti Populaire Européen n'était plus assez pro-européen. La présence d'eurosceptiques en son sein marquait une incompatibilité idéologique forte. Et il est vrai que les conservateurs britanniques sont particulièrement hostiles à l'Union Européenne, et devait alors cohabiter avec des fédéralistes tels que les députés de l'UDF.

Mais cinq années après cette scission, voilà que les conservateurs britanniques déclarent à leur tour leur volonté de faire bande à part. Motif invoqué : le Parti Populaire Européen (à laquelle n'adhère donc plus le Modem) est trop fédéraliste. Les principaux partis de droite de l'Europe continentale sont, il est vrai, bien plus en faveur de la construction européenne que les tories britanniques. Cela doit d'ailleurs être un motif de fierté pour eux. La décision d'aller vers un euroscepticisme encore plus marqué est mauvaise. Alors que le Royaume-Uni se voit comme un "pont" entre l'Amérique et l'Europe, il agit toujours en tant que vassal des Etats-Unis, et en méprisant ouvertement le continent européen, n'y a en fin de compte que bien peu d'influence. Sa puissance économique et diplomatique pourrait lui permettre d'avoir un tout autre rang en Europe, mais il saborde lui-même toutes chances de progrès en cherchant à se convaincre qu'être le 51ème Etat des Etats-Unis lui suffit. C'est dommage pour l'Europe, et c'est déplorable pour le Royaume-Uni.

On peut aussi considérer qu'après ce nouveau départ, le Parti Populaire Européen est plus homogène quant à la politique européenne à adopter. Les différences de position entre le Parti Populaire Européen et le Parti Démocrate Européen sont désormais inexistantes. Cela pourrait donc être l'occasion de retrouvailles, pour former le front le plus large possible quant à une meilleure intégration des politiques européennes. Mais cela ne sera probablement pas. Après tout, le Modem cherche toujours à se montrer comme indépendant de tout et sans compromission dans le cadre de ses objectifs nationaux, et oubliera sans problème l'intérêt de l'Europe pour privilégier l'intérêt de son président. Reste donc à souhaiter au Parti Populaire Européen de bien travailler, seul, mais déterminé.