Les dirigeants politiques, lorsqu'ils arrivent aux responsabilités, sont amenés à se poser la question de l'action à mener. Idéalement, ils ont normalement déjà envisagé un programme à mettre en place. Que ce soit en théorie ou en pratique, l'action politique doit veiller à faire progresser l'intérêt général. Tout le débat consiste à déterminer ce qu'il faut faire pour arriver à cet objectif. Pour s'y retrouver, il est tentant de mettre en place des visions globales, des systèmes de pensée conceptualisant l'ensemble des éléments. Si c'est mentalement séduisant, le procédé est risqué. Car une fois l'idéologie installée, le risque est de vouloir à tout prix plier la réalité pour qu'elle colle aux conceptions que l'on s'en fait. Dès lors, l'action publique ne vise pas à agir sur le monde réel, mais s'attaque uniquement à des vues de l'esprit. L'Histoire montre qu'aucune idéologie n'est totalement confirmée par les faits. Une théorie peut être pertinente pour analyser telle ou telle situation, mais jusqu'à présent, pour comprendre les grandes évolutions, les meilleures explications sont celles faites après plutôt que celles chargées de les anticiper a priori. Voilà pourquoi les dirigeants politiques, constamment confronté à l'imprévu, se doivent d'être à la fois réalistes et pragmatiques.

Seulement, le pragmatisme comporte lui-même un risque. Celui de laisser penser que tout est permis pour arriver au but. Bon nombre de dérives peuvent naître de telles considérations. Elles peuvent relever de la catégorie du scandale, voire parfois conduire tout simplement au totalitarisme. Dans sa pièce de théâtre Les Mains sales, Jean-Paul Sartre évoquait les actes inavouables parfois commis pour arriver à un plus grand bien. Mais où est la limite ?

Eh bien la limite est celle de la morale. Quelle pratique peut être considérée comme généralisable ? L'impératif catégorique kantien est alors pertinent pour former une éthique nécessaire à l'action publique. Cette notion doit également prédominer dans toute considération. La morale doit former l'élément solide et stable servant d'ancre à toutes les politiques. Si elles peuvent varier, soumises aux contingences du monde, elles doivent néanmoins garder comme objectif l'intérêt général et comme base méthodique la recherche de l'éthique.

C'est normalement enfoncer une porte ouverte que de le dire. Mais il ne faut pas oublier ces principes fondamentaux pour autant. Les partis politiques doivent en être conscient dans toutes les phases de la vie publique.