La campagne présidentielle d'Eva Joly aura été une longue agonie. Après avoir recueilli 16 % des suffrages aux européennes de 2009, puis 12 % lors des régionales de 2010, on pouvait s'attendre à ce qu'ils fassent le meilleur score de leur histoire à la présidentielle de 2012. Deux candidats emblématiques se sont présentés à la primaire des Verts l'année dernière : la célèbre juge Eva Joly, et le télégénique Nicolas Hulot, qui avait réussi à influencer la campagne présidentielle de 2007 à travers son Pacte Ecologique. Ce dernier était encore trop naïf en politique : en acceptant de participer à cette primaire, il croyait permettre une candidature mobilisant les défenseurs de l'environnement, mais il tombait surtout dans le piège des Verts, qui n'en voulaient pas comme concurrent. Ils l'ont donc inciter à obtenir leur investiture, pour la lui refuser ensuite, et le mettre ainsi hors course.

Très loin de la défense de l'environnement, les Verts penchaient déjà nettement pour Eva Joly, spécialiste de la machine judiciaire et en procès politiques. L'idée, c'était de se placer sur le terrain de la morale, une morale de gauche, accusatrice de ce qui est à sa droite, par principe. Son profil représente tout ce qui était cher à la gauche, et bien qu'elle ne fut pas du tout en phase avec la société française, elle fut désignée candidate. Une nouvelle fois, les Verts ont peu parlé d'écologique dans cette campagne, alors que ce devait être la spécialité de ce parti lorsqu'il fut créé. Dès lors, il n'est pas étonnant que dans le nouveau gouvernement, les personnalités politiques issues des Verts occupent des ministères tels que le logement ou le développement, pour laisser celui de l'environnement au Parti Socialiste. Eva Joly elle-même n'avait d'yeux que pour le ministère de la Justice.

La bonne image pour caractériser les Verts, c'est la pastèque : vert à l'extérieur, rouge à l'intérieur. Les mentions de l'environnement ne relèvent plus pour eux que de l'affichage et du passage obligé. Ce qui leur importe vraiment, c'est la rhétorique de gauche, à base de victimisation, d'Etat Providence et de manichéisme économique et sociétal. Pour pouvoir gagner des postes de députés ou de ministres, ils sont prêts à avaler bien des couleuvres par rapport à leurs convictions supposées, sans jamais se rebeller. En effet, les places sont plus importantes... et leur poids n'est pas suffisant pour lutter seuls. Surtout que sur presque tous les sujets, ils sont parfaitement solubles dans le socialisme. Ils ont ressentis la victoire de François Hollande comme étant aussi leur victoire. Nos Verts sont décidément bien rouges.