mercredi 11 juillet 2007
Le libéralisme politique en France
Par xerbias, mercredi 11 juillet 2007 à 18:06 :: Pensée politique
Lorsque René Rémond énumère les différentes droites, il découvre une certaine continuité entre les anciens monarchistes orléanistes et les libéraux actuels. Par la présentation qu'il fait de ce courant politique, celui-ci donne l'impression d'être le représentant de la bourgeoisie. Après tout, selon l'analyse marxiste, la Révolution Française de 1789 s'explique par la volonté de la bourgeoisie de prendre le pouvoir vis-à -vis d'une aristocratie toute puissante, mais bien peu productive. Cette époque connaissait en effet les débuts de l'industrialisation à travers les premières manufactures. Le XVIIIème siècle fût ainsi marqué par les débuts de la Révolution Industrielle en Europe occidentale. Cela ouvrait évidemment de nouvelles perspectives : alors qu'Adam Smith découvrait les mérites de la division du travail dans une manufacture d'épingles et théorisait les vertus de la main invisible, c'est une toute nouvelle économie qui voyait le jour en faisant définitivement sortir les sociétés du mercantilisme des monarchies absolues. Pour profiter des gains conférées par les économies d'échelles, il fallait pouvoir monter des structures de production d'une certaine taille. C'est ainsi que la richesse accumulée par certains artisans ou commerçants pu se transformer en capitaux pouvant être investits, en l'espoir de nouveaux gains futurs. C'était la création de l'entreprise privée, l'intensification du commerce avant de profiter du boom technologique qui suivra la mise au point de la machine à vapeur. Ainsi l'on pouvait devenir riche par le travail et l'investissement, et cette nouvelle élite venue du peuple sera aux premières loges lors de la Révolution. Il n'est alors pas étonnant de constater que c'est l'Assemblée constituante qui adopte les décrets d'Allarde et la loi Le Chapelier (instaurant la liberté d'entreprendre et interdisant les corporations). De la même façon, on retrouve ce courant politique quelques dizaines d'années plus tard pour soutenir l'accession au trône de Louis-Philippe Ier d'Orleans, celui-ci promettant justement un régime plus libéral que celui des ultras de Charles X.
La transition vers la République ne posa pas un problème insurmontable pour les libéraux, qui formaient une droite modérée, souvent issue des notables de provinces. Paul Reynaud et l'Alliance Démocratique en sont en quelque sorte des exemples dans la IIIème République, même si les libéraux préfèrent souvent garder une certaine indépendance : la liberté de vote dans l'hémicycle était alors bien plus courante, et la nécessité d'adhérer à un parti moins présente lorsque le député avait de fortes attaches territoriales. On les retrouve ainsi dans le Centre National des Indépendants après-guerre, avec comme porte étendard Antoine Pinay (qui se fit remarquer par sa politique monétaire et financière lorsqu'il était aux affaires), avant qu'ils ne fassent sécession avec Valéry Giscard d'Estaing en 1962, sous le nom des Républicains Indépendants, lorsqu'ils décidèrent de continuer de soutenir la politique du Général de Gaulle. Valéry Giscard d'Estaing, devenu Président de la République, apporte son Parti Républicain à la création de l'UDF qu'il décide en 1978. Le parti restera dans ce cadre jusqu'en 1997, avant de prendre son indépendance en se transformant en Démocratie Libérale sous l'égide d'Alain Madelin, assumant alors un tournant plus prononcé vers l'idéologie libérale. Ce parti est ensuite intégré à l'UMP lors de sa création en 2002, où les libéraux gardent une certaine influence.
Alors que dans les années 80, le libéralisme triomphait dans le monde (surtout au travers des politiques de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan), les libéraux français se trouvaient alors à contre-temps, n'arrivant pas à vraiment conquérir le pouvoir. L'extrème gauche s'est alors reconvertie en une gauche "anti-libérale", en remettant au goût du jour la lutte des classes à travers la haine du capitalisme assumé. C'est ainsi qu'en France ceux qui haïssent la richesse continuent s'en prendre à "l'ultra-libéralisme", source d'une mondialisation vue comme profondément destructrice et source de misère. Ces dernières années encore, les tracts socialistes se limitaient à attaquer une droite considérée comme esclave du patronnat, et encore aujourd'hui, toutes les théories du complot libéral continuent de recontrer un grand succès. Pour ceux qui considèrent que la gauche c'est le bien et la droite le mal, Lionel Jospin aurait perdu en 2002 car il n'aurait pas été assez à gauche, et Ségolène Royal aurait la victime d'une conspiration des médias. Et malgré tout cela, Nicolas Sarkozy a réussi à se faire élire en se présentant comme n'étant pas hostile par principe au libéralisme, même s'il en rejette l'aspect dogmatique.
Il est vrai qu'il existe un certain aspect doctrinaire dans le libéralisme, surtout vu de la pensée économique, imposante en la matière. Milton Friedman et l'Ecole de Chicago l'ont considérablement renouvelée dans les années 70, et il existe aujourd'hui des personnes qui ne jurent que par le marché et la non intervention de l'Etat. Et lorsque la doctrine économique se prolonge dans les domaines sociétaux, cela donne une pensée libertaire assez troublante. En matière d'économie, le but est surtout de trouver la bonne réponse à chaque question, et pour cela il faut accepter de considérer que chaque question est différente. La crise des années 30 et la stagflation des années 70 étaient de natures très éloignées, il a donc fallu changer les politiques publiques pour y remédier. Dès lors, le libéralisme ne saurait être une fin en soi. Il reste qu'au regard de la situation de la France, l'économie est visiblement moins performante que celle de ses voisins. Dans ce cas précis, c'est plutôt l'importance de l'Etat providence français qui est en cause : cela se voit notamment dans les difficultés que connaissent les universités, ou bien dans les difficultés administratives que connaissent les entreprises. Le libéralisme s'oppose en effet à une politique socialiste qui présente elle aussi souvent des caractéristiques doctrinaires, mais sans ayant fait preuve d"efficacité économique en revanche. Et c'est bien ce seul soucis qui doit l'emporter.
La transition vers la République ne posa pas un problème insurmontable pour les libéraux, qui formaient une droite modérée, souvent issue des notables de provinces. Paul Reynaud et l'Alliance Démocratique en sont en quelque sorte des exemples dans la IIIème République, même si les libéraux préfèrent souvent garder une certaine indépendance : la liberté de vote dans l'hémicycle était alors bien plus courante, et la nécessité d'adhérer à un parti moins présente lorsque le député avait de fortes attaches territoriales. On les retrouve ainsi dans le Centre National des Indépendants après-guerre, avec comme porte étendard Antoine Pinay (qui se fit remarquer par sa politique monétaire et financière lorsqu'il était aux affaires), avant qu'ils ne fassent sécession avec Valéry Giscard d'Estaing en 1962, sous le nom des Républicains Indépendants, lorsqu'ils décidèrent de continuer de soutenir la politique du Général de Gaulle. Valéry Giscard d'Estaing, devenu Président de la République, apporte son Parti Républicain à la création de l'UDF qu'il décide en 1978. Le parti restera dans ce cadre jusqu'en 1997, avant de prendre son indépendance en se transformant en Démocratie Libérale sous l'égide d'Alain Madelin, assumant alors un tournant plus prononcé vers l'idéologie libérale. Ce parti est ensuite intégré à l'UMP lors de sa création en 2002, où les libéraux gardent une certaine influence.
Alors que dans les années 80, le libéralisme triomphait dans le monde (surtout au travers des politiques de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan), les libéraux français se trouvaient alors à contre-temps, n'arrivant pas à vraiment conquérir le pouvoir. L'extrème gauche s'est alors reconvertie en une gauche "anti-libérale", en remettant au goût du jour la lutte des classes à travers la haine du capitalisme assumé. C'est ainsi qu'en France ceux qui haïssent la richesse continuent s'en prendre à "l'ultra-libéralisme", source d'une mondialisation vue comme profondément destructrice et source de misère. Ces dernières années encore, les tracts socialistes se limitaient à attaquer une droite considérée comme esclave du patronnat, et encore aujourd'hui, toutes les théories du complot libéral continuent de recontrer un grand succès. Pour ceux qui considèrent que la gauche c'est le bien et la droite le mal, Lionel Jospin aurait perdu en 2002 car il n'aurait pas été assez à gauche, et Ségolène Royal aurait la victime d'une conspiration des médias. Et malgré tout cela, Nicolas Sarkozy a réussi à se faire élire en se présentant comme n'étant pas hostile par principe au libéralisme, même s'il en rejette l'aspect dogmatique.
Il est vrai qu'il existe un certain aspect doctrinaire dans le libéralisme, surtout vu de la pensée économique, imposante en la matière. Milton Friedman et l'Ecole de Chicago l'ont considérablement renouvelée dans les années 70, et il existe aujourd'hui des personnes qui ne jurent que par le marché et la non intervention de l'Etat. Et lorsque la doctrine économique se prolonge dans les domaines sociétaux, cela donne une pensée libertaire assez troublante. En matière d'économie, le but est surtout de trouver la bonne réponse à chaque question, et pour cela il faut accepter de considérer que chaque question est différente. La crise des années 30 et la stagflation des années 70 étaient de natures très éloignées, il a donc fallu changer les politiques publiques pour y remédier. Dès lors, le libéralisme ne saurait être une fin en soi. Il reste qu'au regard de la situation de la France, l'économie est visiblement moins performante que celle de ses voisins. Dans ce cas précis, c'est plutôt l'importance de l'Etat providence français qui est en cause : cela se voit notamment dans les difficultés que connaissent les universités, ou bien dans les difficultés administratives que connaissent les entreprises. Le libéralisme s'oppose en effet à une politique socialiste qui présente elle aussi souvent des caractéristiques doctrinaires, mais sans ayant fait preuve d"efficacité économique en revanche. Et c'est bien ce seul soucis qui doit l'emporter.