La semaine a été marqué par le plan média d'Eric Breteau, le chef de l'organisation "l'Arche de Zoé", qui faisait la promotion de son livre, et de sa façon de faire d'une façon générale. Le but de son association était de ramener des orphelins de la guerre du Darfour en France, et de les faire héberger par des familles d'accueil, créant ainsi de fait une filière d'adoption non conventionnelle. Il se donnait le beau rôle, celui d'humanitaire luttant contre la guerre et protégeant les orphelins. Il savait tout à fait que ce qu'il faisait ne respectait pas les règles, mais il est persuadé que cela était nécessaire pour permettre une prise de conscience de la part des occidentaux, et faire en sorte qu'ils s'engagent enfin pour mettre fin au conflit. A vrai dire, cet objectif semblait être le plus important pour lui. Dès lors, il s'est moins soucié de la nature des orphelins à ramener, qui se sont révélés être de simples enfants pauvres qui lui ont été confiés par des familles tchadiennes, sans que cela soit pour autant de véritables adoptions. En découvrant cela, le Tchad a pris les devants et a stoppé net le projet, a incarcéré toute l'équipe et la justice tchadienne a condamné les huit principaux membres à huit ans de travaux forcés, relâchant infirmières et journalistes qui les accompagnaient.

Malgré tout, la France est venue à leur secours. Elle a demandé le transfert des prisonniers sur son territoire, ainsi que la grâce du président du Tchad. Le transfert eut lieu, et la protection accordée opportunément par la France au président tchadien, menacé d'être renversé, a facilité la décision d'Idriss Déby d'accorder cette grâce. Reste à payer les six millions d'euros de dommages et intérêts auxquels l'Arche de Zoé a été condamnée. Sur ce sujet au moins, la France ne veut pas s'en charger. Et donc tout cela permet à Eric Breteau de faire son autopromotion à la télévision.

Fallait-il vraiment faire tout cela pour le sauver ? Certains de ses co-équipiers sont peut être sincères lorsqu'ils affirment qu'ils croyaient vraiment sauver des orphelins dans cette affaire. Lui ne pouvait pas ignorer les approximations qu'il commettait. Actuellement, sa principale cible est l'État français, qui ne lui aurait pas fourni la complicité qu'il espérait, qu'il croyait qu'il allait bénéficier. Il a pourtant été très bien servi. Fallait-il en faire autant ? Il est peu probable que l'État français ait vraiment fait les yeux doux au projet d'Eric Breteau avant son départ au vu de la ligne très réaliste adoptée par le gouvernement actuel en matière de politique internationale. Eric Breteau ne parle d'ailleurs que de conseillers, et d'une façon assez vague, lorsqu'il explique qu'il se sentait investit des pleins pouvoirs. Seulement la manie française qui est de vouloir protéger ses ressortissants lorsqu'ils se sont mis tous seuls dans des situations inextricables est certes touchante, mais peut-être dommageable, dans la mesure où elle permet à des gens comme lui de prévoir l'aide qui lui sera apporté d'une manière ou d'une autre par le Quai d'Orsay. A ce niveau-là, c'est de la déresponsabilisation. Et quand il en arrive à parler à faire un film de ses aventures, l'impression donnée est surtout celle d'assister à une pantalonnade.