De la difficulté de gouverner en temps de crise...
Par xerbias, vendredi 20 mars 2009 à 13:07 :: Faits politiques :: #406 :: rss
...et de la facilité de protester.
Et encore une "journée d'action", où l'action en question n'est de pas travailler ! La France est depuis fort longtemps habituée à ces journées de grèves, de manifestations importantes, censées montrer toute la colère des travailleurs face à à peu près tout. En la matière, on ne peut contester que les syndicats ont de l'expérience, puisque c'est devenu leur raison d'être. Mettre un ou deux millions de personnes dans la rue n'est pas bien difficile, à vrai dire les commentateurs s'émeuvent même lorsque la "mobilisation" est moins forte. Ce sont essentiellement toujours les mêmes personnes qui y participent, bien que l'on trouve à chaque manifestation des nouveaux venus, qui viennent pour la première fois. Comme les chiffres totaux restent toujours à peu près les mêmes, cela veut dire que ces nouveaux venus ne reviendront pas, ou bien qu'elles ne font que commencer leur carrière de grévistes. Si l'on peut évidemment comprendre le désarroi des salariés du secteur privé qui risquent de perdre leur emploi à cause de la mauvaise conjoncture économique, il reste que le gros des troupes vient des habituels pourvoyeurs de la fonction publique. Hier, la grève a ainsi vu l'immobilisation de la SNCF, de Radio France et de l'Education Nationale. Soit du grand classique en fait.
Mais quelle était la raison de la grève du jour ? Il s'agissait en fait de protester contre la crise. A cela on peut penser qu'il est paradoxal de réclamer davantage de travail en ne travaillant pas. Surtout, la crise est un phénomène qui dépasse de loin la France, laquelle est même moins touchée que bon nombre de pays développés. C'était aussi l'occasion de manifester contre Nicolas Sarkozy, cible là encore traditionnelle. Aujourd'hui, son tort serait de ne rien avoir "lâché". Le gouvernement dit "non". A quoi ? A faire un nouveau plan de relance. Mais pourquoi faire un nouveau plan de relance, alors que celui qui a déjà été conçu les mois derniers n'a pas encore été appliqué ? Ce n'est pourtant pas comme s'il était anodin, vu qu'il fera doubler le déficit public, pourtant déjà gigantesque. S'agit-il donc de multiplier de façon excessive les mesures non financées, pour le plaisir de dépenser n'importe comment et de dire toujours oui à son interlocuteur ? Sur le moment, c'est sans nul doute plus agréable. Cela a au moins le mérite d'éviter de pénibles conflits. Sur le long terme, c'est catastrophique, et la France le sait pour souvent recourir à ce procédé.
Le gouvernement n'a donc pas un intérêt fort à céder aux revendications des syndicats. Quoi qu'il fasse, il sera de toutes façons violemment critiquées, car étant aux affaires, il est tenu responsable de l'état des choses. En période de crise, de tels sentiments sont évidemment exacerbés, alors que toute marge disparaît. Avec la montée du chômage, vient avec la baisse des cotisations sociales. Avec une croissance négative, les recettes fiscales diminuent. Et tout cela alors que les dépenses dues aux dispositifs d'assurance chômage augmentent de façon mécanique. L'Etat prend sur lui automatiquement une partie de l'impact de la crise, résultant de l'action de "stabilisateurs automatiques". D'autres pays, comme les Etats-Unis, en sont dépourvus. Cela doit être pris en compte dans les comparaisons.
Devoir faire une relance importante de l'économie sans en avoir les moyens est donc une tâche difficile, qu'il est plus facile d'exiger que d'aider à faire. Ce qui semble primer par dessus tout, c'est cet irrépressible besoin de faire grève et de bloquer l'économie, par habitude ou par plaisir de croire que ça fait bouger les choses. Mais dans quel sens ? Les grèves systématiques nuisent à l'économie, ce n'est pas un secret. Les salariés de l'Union Navale de Marseille s'étonnent aujourd'hui de la liquidation judiciaire de l'entreprise, et en conséquence de leur prochain licenciement. Ce chantier de réparation navale n'avait plus aucun travail dans son carnet de commande. Or les navires doivent toujours être entretenus, et d'autres ports européens continuent de le faire. La particularité de Marseille est le blocage fréquent pour d'innombrables mauvaises raisons de son port par ceux qui y travaillent. Le trafic au port de Marseille a en conséquence chuté, car il n'est désormais plus du tout considéré comme fiable, et cela est encore dévastateur pour la santé économique des entreprises du port. Les travailleurs des chantiers navals de Marseille ne récoltent que ce qu'ils ont semé. Pourtant ils continueront de protester, contre leurs cibles habituelles, contre eux-mêmes en fait, mais sans le savoir. Au moins garderont-ils l'impression de participer à la "lutte sociale". Mais est-ce bien le plus important ?
Et encore une "journée d'action", où l'action en question n'est de pas travailler ! La France est depuis fort longtemps habituée à ces journées de grèves, de manifestations importantes, censées montrer toute la colère des travailleurs face à à peu près tout. En la matière, on ne peut contester que les syndicats ont de l'expérience, puisque c'est devenu leur raison d'être. Mettre un ou deux millions de personnes dans la rue n'est pas bien difficile, à vrai dire les commentateurs s'émeuvent même lorsque la "mobilisation" est moins forte. Ce sont essentiellement toujours les mêmes personnes qui y participent, bien que l'on trouve à chaque manifestation des nouveaux venus, qui viennent pour la première fois. Comme les chiffres totaux restent toujours à peu près les mêmes, cela veut dire que ces nouveaux venus ne reviendront pas, ou bien qu'elles ne font que commencer leur carrière de grévistes. Si l'on peut évidemment comprendre le désarroi des salariés du secteur privé qui risquent de perdre leur emploi à cause de la mauvaise conjoncture économique, il reste que le gros des troupes vient des habituels pourvoyeurs de la fonction publique. Hier, la grève a ainsi vu l'immobilisation de la SNCF, de Radio France et de l'Education Nationale. Soit du grand classique en fait.
Mais quelle était la raison de la grève du jour ? Il s'agissait en fait de protester contre la crise. A cela on peut penser qu'il est paradoxal de réclamer davantage de travail en ne travaillant pas. Surtout, la crise est un phénomène qui dépasse de loin la France, laquelle est même moins touchée que bon nombre de pays développés. C'était aussi l'occasion de manifester contre Nicolas Sarkozy, cible là encore traditionnelle. Aujourd'hui, son tort serait de ne rien avoir "lâché". Le gouvernement dit "non". A quoi ? A faire un nouveau plan de relance. Mais pourquoi faire un nouveau plan de relance, alors que celui qui a déjà été conçu les mois derniers n'a pas encore été appliqué ? Ce n'est pourtant pas comme s'il était anodin, vu qu'il fera doubler le déficit public, pourtant déjà gigantesque. S'agit-il donc de multiplier de façon excessive les mesures non financées, pour le plaisir de dépenser n'importe comment et de dire toujours oui à son interlocuteur ? Sur le moment, c'est sans nul doute plus agréable. Cela a au moins le mérite d'éviter de pénibles conflits. Sur le long terme, c'est catastrophique, et la France le sait pour souvent recourir à ce procédé.
Le gouvernement n'a donc pas un intérêt fort à céder aux revendications des syndicats. Quoi qu'il fasse, il sera de toutes façons violemment critiquées, car étant aux affaires, il est tenu responsable de l'état des choses. En période de crise, de tels sentiments sont évidemment exacerbés, alors que toute marge disparaît. Avec la montée du chômage, vient avec la baisse des cotisations sociales. Avec une croissance négative, les recettes fiscales diminuent. Et tout cela alors que les dépenses dues aux dispositifs d'assurance chômage augmentent de façon mécanique. L'Etat prend sur lui automatiquement une partie de l'impact de la crise, résultant de l'action de "stabilisateurs automatiques". D'autres pays, comme les Etats-Unis, en sont dépourvus. Cela doit être pris en compte dans les comparaisons.
Devoir faire une relance importante de l'économie sans en avoir les moyens est donc une tâche difficile, qu'il est plus facile d'exiger que d'aider à faire. Ce qui semble primer par dessus tout, c'est cet irrépressible besoin de faire grève et de bloquer l'économie, par habitude ou par plaisir de croire que ça fait bouger les choses. Mais dans quel sens ? Les grèves systématiques nuisent à l'économie, ce n'est pas un secret. Les salariés de l'Union Navale de Marseille s'étonnent aujourd'hui de la liquidation judiciaire de l'entreprise, et en conséquence de leur prochain licenciement. Ce chantier de réparation navale n'avait plus aucun travail dans son carnet de commande. Or les navires doivent toujours être entretenus, et d'autres ports européens continuent de le faire. La particularité de Marseille est le blocage fréquent pour d'innombrables mauvaises raisons de son port par ceux qui y travaillent. Le trafic au port de Marseille a en conséquence chuté, car il n'est désormais plus du tout considéré comme fiable, et cela est encore dévastateur pour la santé économique des entreprises du port. Les travailleurs des chantiers navals de Marseille ne récoltent que ce qu'ils ont semé. Pourtant ils continueront de protester, contre leurs cibles habituelles, contre eux-mêmes en fait, mais sans le savoir. Au moins garderont-ils l'impression de participer à la "lutte sociale". Mais est-ce bien le plus important ?
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