Dans la crise économique mondiale, l'Allemagne est nettement affectée. L'économie allemande a souvent été plus forte que la française grâce à un système industriel largement tourné vers les exportations. Les échanges internationaux ont donc contribué largement à la croissance allemande, mais avec le ralentissement mondial, c'est cet important moteur qui tombe en panne. Le secteur automobile, particulièrement imposant, est gravement touché. Par le biais d'Opel, l'Allemagne pourrait même directement souffrir d'une éventuelle chute de General Motors. Quant au système financier allemand, il s'avère progressivement très touchés par les dépréciations et le manque de confiance entre agents.

Face à une telle situation, personne ne semble paniquer. En temps de crise, il est courant que les gouvernants soient impopulaires. Mais le gouvernement actuel ressemble les deux principaux partis qui d'habitude s'affrontent, les chrétiens démocrates et les sociaux démocrates. Forcés depuis plusieurs années à une union nationale forcée, la droite et la gauche sont bien obligés de se montrer responsable pour que leur pays s'en sorte au mieux. L'opposition est réduite à des petits partis qui ne pourraient se coaliser pour proposer une alternance complète, et sont donc marginalement audibles. En septembre prochain, la chancelière Angela Merkel affrontera son ministre des affaires étrangères, Franz-Walter Steinmeier. Une victoire de l'un ou de l'autre pourrait être l'occasion d'effectuer des choix plus tranchés à l'avenir, mais l'heure n'est pas encore aux plans audacieux susceptibles de diviser le peuple allemand.

Angela Merkel partage donc les mêmes positions que son ministre des finances, Peer Steinbrück, bien qu'il soit d'un bord opposé. L'accord se fait sur de grandes constantes de la politique économique de l'Allemagne : une forte maîtrise des dépenses publiques reste d'actualité du fait d'une peur ancestrale de l'inflation. Les différences entre les niveaux de déficits fait naître des craintes pour la crédibilité de l'euro, bien que le dollar, le yen et la livre britannique traversent également des périodes troublées.

L'année dernière, Angela Merkel avait déjà été réticente à faire un plan de relance européen. Face à la virulence de la crise, y compris dans son propre pays, elle a du se résoudre à agir, et à approuver au moins une certaine coordination et la mise en place d'une "boite à outils" communs. Il ne s'agit néanmoins pas de laisser libre cours aux déficits en dépensant n'importe comment, dans l'espoir que cela permette une relance de l'économie. La position diffère donc grandement de celle de Barack Obama, prêt à lancer un plan de dépenses titanesque, et encourageant ses homologues à faire de même. Au G20 qui s'ouvre, l'Allemagne fera position commune avec la France, en considérant qu'éviter les crises peut être plus efficace que de devoir sauver l'économie après coup. Cela nécessite donc une régulation du système financier à laquelle ne semblent pas prêts plusieurs pays profitant largement de cette dérégulation. Les paradis fiscaux sont particulièrement dans la ligne de mire du couple franco/allemand. Ainsi, Peer Steinbrück, après avoir fait un coup marquant contre les exilés fiscaux allemands au Liechtenstein, demande aujourd'hui de façon enflammée la fin de l'exception suisse, au risque de nuire aux relations diplomatiques entre les deux pays. La Suisse aurait bien voulu aller au G20 pour défendre ses propres intérêts, mais l'heure est peut être à voir un peu plus loin que de vouloir conserver les avantages d'une position de passager clandestin.