En France, nous aurons bientôt un affrontement ex-mari/ex-femme lors des primaires socialistes à la présidentielle. Mais en Grande Bretagne, c'est l'affrontement entre frères qui a cours actuellement. L'ancien ministre des affaires étrangères travailliste David Miliband (connu en Europe pour avoir été un temps pressenti au poste de super diplomate de l'Union Européenne) affronte ainsi Ed Miliband, son frère cadet, pour être à la tête du Labour. Certes, ce ne sont pas les seuls candidats, il y en a trois autres. Mais ce sont les deux favoris. Tous deux députés, ils n'ont visiblement pas envie de s'entraider, comme l'avaient fait les frères Kaczynski en Pologne. Ce sera donc le duel, et comme toujours en politique, l'échange de vacheries.

Il a bien fallu qu'ils se trouvent une différence pour justifier cette double candidature. En l'occurrence, David est perçu comme plus centriste, plus sensible à la révolution du New Labour telle qu'elle avait été théorisée par Tony Blair après des années de vache maigre. Ed se veut plus à gauche, de façon plus traditionnel. Dans un cas comme dans l'autre, il n'est pas vraiment question de renouvellement idéologique intense. C'est dommage. Et cela ne suffira peut-être pas. Etre dans l'opposition est justement une opportunité pour adapter ses idées aux nouveaux enjeux. C'est le travail qui avait été fait par Margaret Thatcher dans les années 70. Cela a permis aux tories de rester 18 années au pouvoir avant d'être finalement épuisés. Le New Labour avait suffisamment de souffle pour rester 13 ans en charge du destin britannique. Et si l'Histoire récente est une indication, s'opposer par principe ne suffira pas.

En 2001, William Hague, le leader des tories d'alors, s'était montré extraordinairement virulent contre les travaillistes, se contentant de proposer les vieilles recettes du conservatisme en guise de programme. Sa défaite fut monumentale. Aujourd'hui, William Hague est le nouveau ministre des affaires étrangères de David Cameron. La politique proposée de ce dernier, faite de décentralisation et de réduction des dépenses publiques, n'a rien d'extrêmement novateur. Mais face à un gouvernement travailliste lessivé par la crise économique et la guerre en Irak, sa première tâche fut de présenter le parti conservateur comme un recours respectable et dynamique.

Le gouvernement de David Cameron pourra légitimement affirmer qu'il ne fait qu'hériter des problèmes survenus pendant le règne d'autres. Les travaillistes doivent donc se remettre au travail pendant ce temps. Pour l'instant, un thème est presque complètement absent des débats, comme toujours à vrai dire : l'Europe. Voilà un sujet qui mérite une implication nette des deux Miliband.