Didier Le Reste, le dirigeant de la fédération des cheminots CGT, prend sa retraite. Il a 55 ans. Il a commencé à travailler à la SNCF comme contrôleur il y a 34 ans. S'il avait été conducteur, il aurait pu partir à l'âge de 50 ans. L'essentiel est d'avoir 25 ans de services. Cet exemple concret montre bien que la réforme des régimes spéciaux de fin 2007 n'a pas changé grand chose, seul le nombre d'années de cotisation pour avoir une retraite à taux plein ayant augmenté. Seulement, les décotes par année non cotisée sont faibles, et leur implémentation se fait sur une très longue période, jusqu'en 2024. Et la période de référence est toujours les six derniers mois, et non les 25 meilleures années, augmentant mathématiquement la pension.

Hors les concessions accordées par le gouvernement se sont révélées nombreuses, trop nombreuses. La cour des comptes et plusieurs parlementaires se sont exprimés sur le sujet, ayant remarqué que le coût de ces concessions effaçait en très grande partie les gains résultants de cette réforme. En somme, le compte n'y est pas. 500 000 personnes cotisent pour les régimes spéciaux, et 1,1 million de personnes en sont retraités. Les cotisations ne suffisent donc pas, et en ce qui concerne les pensions de la SNCF, elles sont financées à la fois par des transferts de l'Etat et par des cotisations patronales. Pour la SNCF, c'est un coût important, évidemment répercuté sur ses clients. Inutile donc de se demander pourquoi ses prix augmentent. Et c'est aussi une charge financière pour tous. Elle ne se justifie pourtant pas vraiment.

Plutôt que de faire de fausses réformes des régimes spéciaux, pourquoi ne pas tout simplement les supprimer ? S'il est normal que les militaires aient un régime adapté, les salariés de la SNCF et de la RATP sont des travailleurs comme les autres. Pourquoi continuer de traiter des entreprises publiques, chargées de délivrer un véritable service d'intérêt général à la population, comme des vaches à lait ? C'est bien sûr une question de capacité de nuisance des syndicats, qui sont fiers de protéger leurs corporatismes. Bernard Thibault, 51 ans, dirigeant de la CGT depuis 11 ans, mais toujours rémunéré par la SNCF, a encore quatre années devant lui avant de prendre lui-même sa retraite et passer le relais à un autre organisateur de grèves en chef.