Quand était-ce arrivé la dernière fois ? En France, depuis les dernières élections, un bord politique dispose de tous les pouvoirs. Difficile, dès lors, de parler de véritable séparation des pouvoirs, ou d'un système où une branche tempère l'autre, vu que toutes les branches sont du même camp idéologique. L'exécutif national est uniformément de gauche : le Président de la République, François Hollande, comme le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, sont issus du Parti Socialiste, comme la quasi totalité du gouvernement. Les deux ministres Verts pourraient avoir des opinions discordantes, mais se gardent bien de les exprimer.

Le pouvoir législatif est également de gauche : l'Assemblée Nationale depuis les dernières élections législatives, le Sénat depuis l'année dernière. Il n'y a d'ailleurs plus personne à gauche pour critiquer le Sénat comme institution depuis qu'elle en a pris le contrôle. Certes, probablement par habitude, les sénateurs socialistes ont voté contre le budget présenté par le gouvernement, mais ce n'est pas là qu'on verra une quelconque remise en cause du gouvernement.

Le pouvoir judiciaire est globalement de gauche depuis... depuis... en a-t-il jamais été autrement ? En tout cas, les magistrats étant représentés par deux syndicats dont l'un est à gauche et l'autre n'est pas à droite, on sait à quoi s'en tenir, leur opposition aux gouvernements de droite étant systématique. Cela se confirme d'ailleurs dans leur action au quotidien.

Les médias, généralement considérés comme le quatrième pouvoir, sont aussi de gauche dans leur majorité. Il y a bien sûr des titres neutres ou orientés à droite, mais les journalistes politiques sont très majoritairement à gauche...

Les pouvoirs politiques locaux sont majoritairement de gauche, et ce, quelque soit l'échelon. 21 régions sur 22 en France métropolitaine, la majorité des départements, et les dernières élections municipales avaient été favorables à la gauche.

Et pendant ce temps là, il n'y a même plus d'opposition. L'inénarrable duel Copé/Fillon a figé l'UMP dans l'inaction la plus totale, au Modem on se demande même s'il ne faudrait pas entrer au gouvernement (alors qu'il en est hors de question pour les socialistes) et à l'UDI on attend que les choses se passent. En dehors, il n'y a que des partis extrémistes.

Bref, la gauche a vraiment tous les pouvoirs, et ce depuis plus de six mois maintenant. Elle est libre de faire ce qu'elle veut. Le changement, c'est maintenant, nous avait-on dit. Qu'est-ce qui a changé... pour le mieux, depuis ? Avec le pouvoir, vient les responsabilités. Et aujourd'hui, la gauche n'a aucune excuse. Elle a pu mettre en place la politique qu'elle voulait, et il n'est plus question d'améliorations avant bien des années. Elle peut, mais ne fait rien. Voilà pourquoi elle souffre d'impopularité record dès le premier dixième de quinquennat écoulé. La population sait que s'il n'y a pas de graines de plantées, il ne risque pas de pousser quoi que ce soit.