lundi 29 mai 2006
Des lobbys
Par xerbias, lundi 29 mai 2006 à 23:42 :: Monde
A Bruxelles, les lobbyistes professionnels ont un accès permanent tant à la Commission européenne qu'au Parlement européen. Ils sont consultés par les commissaires pour que ces derniers puissent prendre leurs décisions, et rencontrent fréquemment les députés européens pour faire valoir les intérêts des clients de lobbys lors des votes. Les lobbyistes sont justement embauchés par des entreprises ou des associations économiques sectorielles pour qu'ils s'attellent à convaincre les preneurs de décisions, en l'occurrence les personnalités politiques, d'adopter des mesures qui aillent dans le sens de leurs intérêts. Dans la capitale européenne, il semble que leur présence ne pose pas de problème. C'est assez étonnant dans la mesure où les lobbys profitent ouvertement des méandres de la bureaucratie et qu'ils apparaissent donc comme particulièrement obscurs, contraires à l'idée de transparence dans les institutions européennes. C'est fâcheux, un an après le rejet du traité constitutionnel européen, il serait temps de faire le ménage sur les points qui affaiblissent la construction européenne lorsqu'ils la desservent. Les lobbys en sont clairement les parasites, vu le flou des moyens qu'ils adoptent pour "convaincre" les responsables politiques, voire pour leur forcer la main.
Nous avons vu comment le lobbying est facteur de corruption avec l'exemple des Etats-Unis. Le scandale généré par représentant républicain texan Tom DeLay est révélateur : par les nombreux cadeaux qu'il en recevait et par les prises de position qu'il adoptait, il y avait la place pour qu'il puisse être accusé de corruption. Il le fut, et dut quitter son siège au fil de ses ennuis judiciaires. Le lobbyiste Jack Abramoff, impliqué dans cette affaire, l'est aussi dans des dizaines d'autres, montrant ainsi le caractère malsain de la pratique. Il faut dire qu'aux Etats-Unis, le financement des partis politiques par les entreprises est possible et encore plus malsain à vrai dire. Dans ces conditions, comment imaginer que les décisions sont prises avec comme objectif l'intérêt général, et non les intérêts particuliers de ces puissantes entreprises ? Dans de nombreuses situations, comme les manufacturiers du tabac, des armes à feu ou du matériel militaire, le doute ne devrait pas être permis. Et lorsque Microsoft échappe aux poursuites judiciaires pour ses abus de position dominante par la seule force de ses nombreux avocats procéduriers et de ses lobbyistes à l'"influence" terrifiante, il y a vraiment de quoi remettre en cause ce système.
Il ne s'agit évidemment pas de défendre aux entreprises ou aux associations de défendre leurs intérêts. Ils peuvent être part de l'information des décideurs. Il s'agit surtout qu'elles le fassent elles même en fait. Que des syndicats patronaux ou ouvriers confrontent leurs intérêts, il n'y a alors que du dialogue social qui doit être encouragé pour aboutir à des politiques efficaces. Que des associations d'entreprises discutent avec les consommateurs sur la réglementation de leurs offres, c'est le meilleur moyen d'arriver à la solution la plus pertinente. Mais envoyer des inconnus négocier en tête-à -tête et avec insistance une réglementation complaisante pour leurs clients, c'est un déni de transparence. Que dire alors, des députés européens qui rencontrent plus souvent des lobbyistes que les simples citoyens des pays dont ils sont les représentants ?
Si l'Union Européenne est en difficulté ces temps-ci, c'est notamment du fait qu'elle est perçue comme trop libérale et trop éloignée des préoccupations des citoyens européens. Il serait dès lors difficile d'affirmer que les lobbys vont dans le bon sens. Il faut remettre le citoyen et l'intérêt général au coeur de la démarche européenne. A Bruxelles, il y a des centaines de cabinets de lobbyistes représentants des milliers de groupes d'intérêts. Ils sont certes beaucoup moins nombreux qu'à Washington, mais ce n'est pas une orientation qu'il est souhaitable d'adopter. Au contraire, il convient d'assainir ce milieu, pour ne laisser subsister les seules associations transparentes, discutant directement avec les groupes aux intérêts opposés. Cela évitera au moins aux responsables politiques d'être les arbitres de compétitions répugnantes de "celui qui dépense le plus pour imposer ses intérêts". La transparence et la prédominance de l'intérêt général doivent être des règles absolues dans le fonctionnement de l'Union Européenne, les lobbyistes n'y ont donc pas leur place.
Nous avons vu comment le lobbying est facteur de corruption avec l'exemple des Etats-Unis. Le scandale généré par représentant républicain texan Tom DeLay est révélateur : par les nombreux cadeaux qu'il en recevait et par les prises de position qu'il adoptait, il y avait la place pour qu'il puisse être accusé de corruption. Il le fut, et dut quitter son siège au fil de ses ennuis judiciaires. Le lobbyiste Jack Abramoff, impliqué dans cette affaire, l'est aussi dans des dizaines d'autres, montrant ainsi le caractère malsain de la pratique. Il faut dire qu'aux Etats-Unis, le financement des partis politiques par les entreprises est possible et encore plus malsain à vrai dire. Dans ces conditions, comment imaginer que les décisions sont prises avec comme objectif l'intérêt général, et non les intérêts particuliers de ces puissantes entreprises ? Dans de nombreuses situations, comme les manufacturiers du tabac, des armes à feu ou du matériel militaire, le doute ne devrait pas être permis. Et lorsque Microsoft échappe aux poursuites judiciaires pour ses abus de position dominante par la seule force de ses nombreux avocats procéduriers et de ses lobbyistes à l'"influence" terrifiante, il y a vraiment de quoi remettre en cause ce système.
Il ne s'agit évidemment pas de défendre aux entreprises ou aux associations de défendre leurs intérêts. Ils peuvent être part de l'information des décideurs. Il s'agit surtout qu'elles le fassent elles même en fait. Que des syndicats patronaux ou ouvriers confrontent leurs intérêts, il n'y a alors que du dialogue social qui doit être encouragé pour aboutir à des politiques efficaces. Que des associations d'entreprises discutent avec les consommateurs sur la réglementation de leurs offres, c'est le meilleur moyen d'arriver à la solution la plus pertinente. Mais envoyer des inconnus négocier en tête-à -tête et avec insistance une réglementation complaisante pour leurs clients, c'est un déni de transparence. Que dire alors, des députés européens qui rencontrent plus souvent des lobbyistes que les simples citoyens des pays dont ils sont les représentants ?
Si l'Union Européenne est en difficulté ces temps-ci, c'est notamment du fait qu'elle est perçue comme trop libérale et trop éloignée des préoccupations des citoyens européens. Il serait dès lors difficile d'affirmer que les lobbys vont dans le bon sens. Il faut remettre le citoyen et l'intérêt général au coeur de la démarche européenne. A Bruxelles, il y a des centaines de cabinets de lobbyistes représentants des milliers de groupes d'intérêts. Ils sont certes beaucoup moins nombreux qu'à Washington, mais ce n'est pas une orientation qu'il est souhaitable d'adopter. Au contraire, il convient d'assainir ce milieu, pour ne laisser subsister les seules associations transparentes, discutant directement avec les groupes aux intérêts opposés. Cela évitera au moins aux responsables politiques d'être les arbitres de compétitions répugnantes de "celui qui dépense le plus pour imposer ses intérêts". La transparence et la prédominance de l'intérêt général doivent être des règles absolues dans le fonctionnement de l'Union Européenne, les lobbyistes n'y ont donc pas leur place.