Il a suffi que le député UDF Pierre-Christophe Baguet affirme son soutien pour Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de 2007 pour qu'il lui soit aussitôt promis l'exclusion par les dirigeants de son parti. C'est assez curieux lorsque l'on sait que François Bayrou n'a pas voulu rallier l'UMP par crainte d'un parti monolithique, alors que de toute évidence, celui qu'il dirige en a toutes les caractéristiques. Gilles de Robien a déjà été mis au ban de sa famille politique pour avoir eu des idées différentes que celle de l'ambitieux Béarnais, et visiblement le sort est le même pour des personnalités plus modestes qui ne se soumettent pas entièrement à François Bayrou. Par l'oeuvre de ce dernier, l'UDF s'est transformé en un parti où le débat d'idées est absent, la pensée dominante étant d'approuver tout ce que peut dire François Bayrou. Mais comme celui-ci se contente d'attaquer la droite sans jamais proposer d'alternative, c'est bien à vide intellectuel qu'est confronté le parti centriste.

Ce n'est en fait pas si étonnant : en tant que tel, depuis la création de l'UMP, l'UDF n'a plus de raison d'être. En effet, l'union si attendue de la droite et du centre ayant été réalisée, la pensée centriste est déjà intégrée et appliquée dans la politique gouvernementale. Il ne reste donc plus rien à ceux qui sont restés dans le parti autrefois créé par Valéry Giscard d'Estaing. Il faut dire que la plupart de ceux qui sont restés ne l'ont fait que par fidélité à François Bayrou, qui ne pouvait se passer d'un parti s'il voulait continuer à poursuivre ses ambitions présidentielles. Il est donc logique que ce qui reste de l'UDF n'ait comme unique pensée que celle de vouloir se démarquer de l'UMP, en l'occurrence par le bas, en refusant la responsabilité du pouvoir pour mieux critiquer l'usage qui en effet, mais sans jamais prendre d'initiative pour améliorer les choses, et sans émettre d'idées. L'UDF est devenue un parti d'opposition sans avoir un discours différent sur le fond.

Depuis que l'UDF est devenue un parti uniquement dédié à la cause d'un seul homme, il n'a plus grand chose de démocratique. Ceux qui ne se satisfont pas de cette nouvelle situation sont immédiatement haïs, méprisés et rejetés. Le plus incroyable, c'est que la posture adoptée par François Bayrou soit celle du rassembleur, voulant accueillir des personnalités venues tant de droite que de gauche. Vu le sort réservé aux centristes, on peut se dire que François Bayrou a davantage tendance à rejeter qu'à rassembler. Ensuite, personne n'est dupe, et rares sont ceux qui prennent cette posture au sérieux. Si Michel Rocard et Michel Barnier étaient présents à l'université d'été de l'UDF, ils étaient les premiers à dire que toute allégeance à François Bayrou était exclue, or c'est la seule forme de coopération qu'il semble connaître. Par rapport à 2002, c'est donc un François Bayrou plus déterminé qui se présente à la présidentielle, mais c'est aussi un François Bayrou plus tyrannique, plus égocentrique et plus déconnecté de tout que l'on découvre. Les chrétiens démocrates ont pourtant un rôle à jouer dans la vie politique française. Mais ils seraient plus efficaces s'ils jouaient ce rôle en étant tous unis au sein de l'UMP.

Photo : Gamma / Gilles Bassignac