Pour une fois, pensons à très long terme. En décennies, ou même en siècles. Dans le futur lointain, il faut le reconnaître, on aura déjà de la chance si l'humanité subsiste dans une biosphère saine, vu les efforts qui restent à accomplir en matière de sauvegarde de l'environnement. Mais prenons comme hypothèse que ce sera le cas, grâce à la raison de chacun et aux progrès technologiques. Dans ce cas, on peut penser que le genre humain continuera à croître, et que la Terre se fera bien petite pour autant de monde. Et nous regarderons en direction des étoiles, songeurs. Blaise Pascal se disait effrayés par les deux infinis, l'infiniment petit d'une part, l'infiniment grand d'autre part. Pour ce dernier, il reste un vertige à imaginer la taille de l'univers, pour ce qu'on en connaît. Et se forme alors l'envie d'explorer, de découvrir, de conquérir ce qui se trouve en dehors de notre planète. Plus de trente ans après la dernière expédition sur la Lune, la Nasa vient d'annoncer récemment la reprise de voyages en direction du satellite, pour y former une base sur le pôle sud. Ce serait alors un premier jalon avant d'entreprendre une expédition humaine sur Mars. Nous y avons déjà envoyé Pathfinder, un robot, pour tâter le terrain de prêt. Assurer un aller-retour d'humains sur la planète rouge tout en garantissant leur survie est certes une autre paire de manches, mais Mars n'est pas si loin que ça, et à l'échelle d'une vie on peut espérer solidement que cet objectif soit réalisé.

Mais à très long terme, on peut vouloir davantage que de rendre de simples visites aux astres, et l'on pourrait être tenté de vouloir y rester. Sur Mars, cela passerait d'abord par la constitution de bases, comme celles que l'on va installer sur la Lune. Mais l'idéal serait d'en faire une deuxième Terre, pour pouvoir y vivre à l'air libre. Gros problème : l'atmosphère martienne est loin d'être hospitalière, c'est le moins que l'on puisse dire. De ce fait, il y aura beaucoup de choses à changer : que l'atmosphère soit respirable donc, qu'il y ait de l'eau liquide, de la terre fertile, une gravité semblable à celle terrestre, un climat tenable au moins en certains endroits... Il est alors évident que tout ce gigantesque travail de terraformation prendrait des décennies, et même des siècles. Raison de plus pour commencer au plus tôt. Pour l'instant, l'heure est à la recherche. Evidemment, la recherche publique doit d'abord se concentrer sur des problèmes urgents et concrets, comme la santé et l'énergie. Mais la conquête spatiale peut venir ensuite, surtout que la recherche qui est menée en sa faveur peut avoir des retombées positives en matières d'innovations en terme de produits. La terraformation peut également être vu comme un moyen de remodeler un environnement hostile, ce qui pourrait faire de la Terre une planète plus accueillante pour la vie, via une meilleure protection de son atmosphère par exemple. S'il n'est pas à strictement parler prioritaire, l'effort fait vis-à-vis de la conquête spatiale au sens large du terme doit être pris en considération, afin de ne pas risquer que la question devienne urgente, sous-entendant qu'il serait trop tard.

Evidemment, aujourd'hui, le thème apparaît farfelu. Mais les nombreux progrès que nous avons enregistrés en la matière jusqu'à présent doivent nous encourager à persévérer, pour que l'effort ne soit pas interrompu.