Désillusion européenne
Par xerbias, vendredi 13 juillet 2007 à 16:29 :: Europe :: #186 :: rss

Si l'aboutissement des discussions à un accord fait que le sommet a été de fait un succès vu ses enjeux, nombreux sont ceux qui en sont repartis avec une forte amertume. En effet, la Pologne avait obtenu de retarder l'application de ce nouveau système de vote et la Grande-Bretagne n'est pas obligée de voir s'appliquer sur son territoire la charte des droits fondamentaux. En fait ce sommet a été le théatre d'une pièce où chaque pays venait défendre son intérêt national, devant rendre compte ensuite devant son opinion publique sur ce qui a pu être obtenu à la bataille, sans jamais se soucier de l'intérêt général européen. C'est ainsi l'idée européenne en elle même qui a été mise à mal. Dès lors, comment vouloir la mise en place d'une véritable politique européenne ? Si l'Europe manque cruellement de démocratie dans son fonctionnement, le chemin est encore très long avant qu'une structure fédérale, rendant compte directement au peuple, puisse être mise en place. Il apparaît alors que l'idée d'une "constitution européenne" est venue bien trop tôt, et quelle que ce soit la façon dont on l'observe aujourd'hui, il semble clair a posteriori que les chances de succès de cette entreprise à l'échelle européenne étaient minimes. L'expérience nous a au moins permis de le comprendre.
Le coup est dur, et c'est une véritable désillusion qui accable les partisans de la construction européenne. Plusieurs pays ont adhéré à l'Union Européenne simplement pour entrer dans une zone de libre échange, sans se préoccupper de l'efficacité supplémentaire que pouvait procurer des politiques concertées dans de nombreux domaines. Le refus de reconnaître les symboles de l'Union Européenne est en cela emblématique de la méfiance envers le fonctionnement européen. Pourtant, rien n'indique que les pays qui frennent aujourd'hui des quatres fers soient à jamais perdus pour la cause de la construction européenne. En fin de compte, ils ne font que refléter l'état de leurs opinions publiques respectives qui peuvent évoluer. L'Histoire nous a appris que s'il y a certaines constantes dans les volontés de chaque peuple, celles-ci ne permettent pas de faire un trait définitif sur une véritable ambition européenne. Seulement voilà : il est encore bien trop tôt.
L'illusion, c'était de croîre que l'on pouvait arriver à une structure fédérale dès maintenant. L'illusion tenait en fait surtout dans les symboles, l'utilisation des mots "convention" et "constitution", alors que le TCE n'avait pas grand chose à voir avec une véritable constitution. Seulement rien n'est perdu, si l'on s'en donne le temps. Il ne faut pas se voiler la face, cela prendra certainement plusieurs décennies pour que le projet européen arrive à terme. La construction européenne fête actuellement son cinquantenaire, il lui en faudra probablement un deuxième pour aboutir véritablement. Et pendant tout ce temps, le travail devra rester constant. Il apparaît alors que les partisans de la construction européenne traversent davantage un découragement temporaire, plutôt qu'une désillusion fondamentale. Ils peuvent en profiter pour s'interroger sur les meilleures voies pour continuer ce travail, et sur la manière dont leur vision doit prendre forme. Mais en tout cas, il est hors de question pour eux d'abandonner la partie.
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