En fin de compte, le nouveau Président des Etats-Unis ne représente pas un si grand changement. Il est même assez fréquent que ce soit des hommes blancs quadragénaires issus des plus grandes universités qui accèdent à la Présidence. A ce titre là, la victoire de Barack Obama représente la continuité. Son profil est le même que plusieurs prédécesseurs. Son âge peut donner l'idée du renouvellement, mais il n'est pas le plus jeune président que les Etats-Unis aient connu. Théodore Roosevelt, John Kennedy ou même Bill Clinton étaient plus jeunes que lui au moment d'arriver au pouvoir. A 47 ans, il semble issu du même moule que les autres personnalités politiques de Washington. Les médias semblent penser différemment : ils le considèrent comme noir, puisque son père est noir. Pourtant, il est tout aussi blanc, puisque sa mère est blanche. Il n'a d'ailleurs pas fait campagne sur la couleur de sa peau : elle est plus foncée que d'autres, mais qu'est-ce que ça change ? Lors de l'élection, elle a du autant le servir que le desservir. Et aujourd'hui, d'immenses chantiers l'attendent. Les plus urgents sont la crise financière et l'Irak, mais il devra d'une manière générale recréer un lien de confiance avec le monde entier et assainir le milieu politique de Washington. En fait, il devra nettoyer tous les dégâts causés par George Bush.

La principale différence entre Barack Obama et les autres Présidents restera en fin de compte son manque d'expérience avant d'occuper le bureau ovale. Il n'a jamais eu de responsabilité exécutive avant d'arriver au Sénat, n'a pas eu de carrière militaire, et n'a connu qu'une activité législative nationale de deux ans en tant que Sénateur avant de se lancer dans sa campagne présidentielle. Lors du début de son mandat, il était d'ailleurs conscient de cet handicap, et a répété à plusieurs reprises qu'il ne serait pas candidat en 2008. On voit aujourd'hui à quoi il fallait s'en tenir. La frénésie médiatique l'a entouré depuis son discours à la convention démocrate, et a fini de le convaincre qu'il y avait une opportunité pour lui aussi tôt. Cette frénésie et ses grandes qualités orales lui ont permis de décrocher l'investiture démocrate, et entraîné par cet élan, il a fini par remporté une victoire nette face à un John McCain handicapé par le bilan déplorable des républicains et affaibli par les sacrifices faits vis-à-vis de sa propre éthique. Le prochain vice-Président, Joe Biden, s'est lui aussi distingué par ses déclarations selon lesquelles il ne voulait pas de la vice-présidence. Visiblement, il s'est fait une raison. Mais tous auront besoin de courage et de talent pour faire face aux défis qui les attendent.

Les événements récents ont de quoi rappeler des souvenirs frais aux Français. Les Français aussi ont élu récemment un Président fils d'immigré. Et l'apparition d'une femme télégénique aux références bibliques, dirigeante d'une grande partie du territoire, se révélant être une incompétente notoire mais risquant quand même d'accéder à la tête d'un pays a été pour les Français un rappel direct de leur propre situation. A l'instar de Ségolène Royal, la carrière politique de Sarah Palin n'est malheureusement pas finie.