Les comparaisons possibles entre Sarah Palin et Ségolène Royal ne cessent de croître. Ainsi, à l'instar de Ségolène Royal, Sarah Palin, tout juste après s'être fait battre lors d'une élection présidentielle, pense déjà à être candidate à celle de 2012. Et à l'instar de Sarah Palin, gouverneure de l'Alaska, Ségolène Royal est la femme qui vient du froid. En l'occurrence, en étant désormais candidate au poste de premier secrétaire du Parti Socialiste, elle sort tout droit du frigo, où était censée se trouver sa candidature.

Evidemment, son histoire de candidature suspendue n'était qu'un artifice de campagne, se permettant même de demander aux autres personnalités du PS d'en faire autant à un moment où elle était en fin de compte la seule à avoir déclaré sa candidature. La campagne interne pour le Congrès de Reims fut terne, la participation pour le vote des motions faibles, et le Congrès en lui-même fut bien l'échec éclatant que de nombreuses personnes prédisaient. Pour résumer, Ségolène Royal horripile tous ceux qui ne lui sont religieusement dévoués, Bertrand Delanoë n'approuve pas l'alliance de Martine Aubry avec Laurent Fabius, qui avait fait campagne pour le non au Traité Constitutionnel Européen et n'avait pas respecté le vote des militants à ce sujet, et Benoît Hamon est trop à gauche pour Bertrand Delanoë et Martine Aubry. Ces quelques ressorts ont joué à plein pendant tout un week-end et ont amené à un constat de désaccord général.

Pour la deuxième fois le PS n'a pas réalisé de synthèse à l'issue de l'un de ces Congrès. Si en observant les précédentes "synthèses", il est possible de se dire que ce n'est pas forcément grave, c'est surtout le symbole d'un manque d'unité. Il s'agit là en fait de la conséquence d'un manque de personnalité fédératrice, autour de laquelle le Parti se serait regroupé, et aurait tiré l'inspiration de son nouveau fond de pensée. Ségolène Royal pensait être celle-là, elle croyait que ce serait même nécessairement le cas après avoir la candidate de son parti à la présidentielle. Seulement elle n'arrive pas à se rendre compte que cette campagne a mis en évidences toutes ses lacunes. L'idée est désormais de considérer que la personne élue premier secrétaire par le vote des militants à venir devra être le chef incontesté, la personne à suivre en tous points. Mais l'adhésion à une personne ne suffit pas, elle doit aller avec l'adhésion à ses idées. Quand bien même Ségolène Royal serait élue premier secrétaire, tous ceux qui n'ont pas cru en elle jusqu'à présent ne risquent pas de découvrir d'un coup leur nouveau guide.

Ségolène Royal est opposée dans cette élection à Benoît Hamon et Martine Aubry. Cette dernière est une femme politique expérimentée, mais à la ligne politique inquiétante. Sa plus grande réalisation politique, la semaine de 35 heures, a été un échec épouvantable, conséquence d'une idéologie absurde et inadaptée. Elle vient néanmoins de recevoir le soutien de Bertrand Delanoë, au motif qu'ils sont tous les deux d'accords pour ne pas faire alliance avec le Modem. Ségolène Royal, elle, est pour. Elle oublie certainement que François Bayrou sera surtout prêt à une telle alliance au second tour des présidentielles si elle se fait à son propre profit. Pour rappel, l'UMP également est prête depuis toujours à faire alliance avec François Bayrou, mais celui-ci rejette toutes les situations dans laquelle il ne termine pas Président de la République.

Même après l'élection du Premier secrétaire, les querelles ne seront probablement pas terminées au Parti Socialiste. De nombreux adhérents doivent d'ores et déjà trouver difficile le choix qui s'offre à eux. Mais après tout, c'est aussi de leur faute aussi. Cette situation est la conséquence directe de leur vote pour les motions.

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