Parmi les ministres du gouvernement, la ministre de la culture Christine Albanel n'est pas la moins médiatisée. En effet, les dossiers qui la placent au devant de l'actualité sont nombreux. Elle est ainsi devenue celle qui porte le projet de la riposte graduée contre le piratage, un projet de loi qui n'est pourtant pas admissible d'après les règles édictées par le Parlement Européen. Elle est aussi la chef d'orchestre des états généraux de la presse, où elle vient de se faire remarquer par son souhait de faire profiter la presse d'un taux de TVA minimal de 2,1 %. Ce serait une nouvelle baisse de revenus pour l'Etat, alors que ses finances sont loin d'être à un niveau correct. Dans la lettre de mission à la ministre de la culture, Nicolas Sarkozy et François Fillon lui rappelaient pourtant la nécessité de faire en sorte de ne pas alourdir la dette. Cette préoccupation s'est envolée depuis longtemps. Nulle question de revoir le système de distribution ou les aides à la presse, mais envie spontanée d'accorder un cadeau fiscal. Mais le plus gros dossier qu'a à gérer Christine Albanel est celui de la réforme de l'audiovisuel, et elle peine vraiment à s'en sortir.

Il faut dire qu'à la base, cette réforme n'avait pas lieu d'être. Personne n'était demandeur de la suppression de la publicité sur France Télévisions. Quelque soit les choix de programmation, on ne trouvera jamais une majorité de satisfaits quant aux programmes du service public. Surtout, la question du financement de France Télévisions est immédiatement devenu un problème insoluble. La taxe sur les recettes du privé a été bien réduite après le passage au Parlement. Il est aussi question de taxer les nouvelles technologies, mais quoi qu'il en soit, tout cela continue une logique de taxation systématique de tout et n'importe quoi, alors qu'il était plutôt question de réduire les prélèvements obligatoires si l'on en croyait Nicolas Sarkozy. Alors qu'avec les ressources publicitaires, France Télévisions pouvait compter sur une source de revenue non négligeable provenant de prestations tarifées, il a fallu supprimer cela pour financer la télévision publique en prélevant l'argent autoritairement sur les agents économiques. La nomination du président de France Télévisions par le Président de la République est une autre idée qui ne peut être que dommageable pour tout le monde. Toute cette politique audiovisuelle est mauvaise. Christine Albanel ne semble pas se poser de questions quant à son application, et prend à coeur d'appliquer une politique déplorable.

On peut ainsi se poser la question de l'opportunité d'une deuxième coupure publicitaire dans les films sur les chaînes privés, si la publicité était si mauvaise que ça sur les chaînes publiques. L'accusation de rendre service aux dirigeants de TF1 existe, et devient de plus en plus difficile à rejeter. Christine Albanel s'en est même pris à M6 pour l'obliger à dépenser les sommes prévues par quota pour la production dans de la fiction au lieu de lui laisser le choix. M6 a pourtant une forte démarche de production de nouveaux programmes, centrée sur les magazines. Cela fait travailler autant de gens, mais l'idée de Christine Albanel est de forcer chaque chaîne à subir au moins les mêmes contraintes que celles de TF1, afin de ne pas être une menace pour elle. Au final, Christine Albanel semble avoir complètement oublié d'améliorer l'efficacité de son ministère. Elle passe bien plus de temps à polémiquer sur cette réforme de l'audiovisuel, parfois de façon incroyable comme lorsqu'elle explique quels sont les bons et les mauvais programme de France Télévisions. Alors plutôt que d'ouvrir les hostilités face à Julien Courbet et de laisser filer les dépenses en compensant les baisses de revenus de France Télévisions dont elle est à l'origine, ne ferait-elle pas mieux de tout simplement rendre plus efficace la politique culturelle de l'Etat français par rapport à ce qu'elle coûte ?