dimanche 6 février 2011
Le rapport de la Commission d'Enquête sur la Crise Financière
Par xerbias, dimanche 6 février 2011 à 19:26 :: Economie
En mai 2009, le président américain Barack Obama a créé une commission d'enquête chargée d'enquêter sur les origines de la crise financière qui a frappé les Etats-Unis puis le monde. Celle-ci fut formée sur des bases bipartisanes, chaque parti ayant à nommer des membres la composant. Les leaders de la majorité démocrate au Sénat et à la Chambre eurent à en nommer trois chacun, ceux de la minorité démocrate deux, soit dix membres en tout. Leur rapport a été publié il y a une dizaine de jours. Il est très long (dans les 600 pages), mais alors que les raisons de la crise ont été contestées de part et d'autres, les conclusions qui sont présentées dès le début sont très tranchées. "Nous concluons que la crise financière était évitable" peut-on y lire. La bulle immobilière était anormale et malsaine, les taux d'intérêts trop bas (Alan Greenspan, autrefois déifié pour son travail à la tête de la Fed, a un bilan bien plus mitigé aujourd'hui), et surtout, la déréglementation continue depuis de nombreuses années a permis l'émergence d'un système où plus personne comprend bien ce qu'il se passe, où les transactions à très court terme sont traitées automatiquement par des algorithmes et des ordinateur, où les produits financiers sont tellement sophistiqués que rien n'est vraiment contrôlé par qui que ce soit.
Tout cela a provoqué une forte augmentation des prises de risques, soigneusement cachées par des montages. Les agences de notation se sont montrées à cette occasion inefficaces, certifiant "sans risque" des produits financiers particulièrement douteux. Ces prises de risques, financées par l'emprunt, ont permis la contamination du risque à toutes les institutions, d'où la contagion rapide et l'ampleur de la crise. L'incapacité des autorités à prévenir puis à à contrecarrer les premiers effets de cette crise est alors forcément fatal. La politique immobilière d'accession à la propriété menée via les instituts de crédit Fanny Mae et Freddy Mac est aussi en cause, étant bien placée dans les causes premières.
Le rapport est long, mais bien écrit, dans un style facile à lire, multipliant faits et anecdotes. Mais une surprise attend le lecteur à la fin : la présence d'opinions discordantes, délivrées à part du propos principal. Deux textes dont les auteurs ne sont autres que les quatre membres de la commission qui avaient été nommés par les républicains. Cela veut tout simplement dire que si la commission était bipartisane, le rapport, lui, ne l'est pas. Le rapport est la conclusion des démocrates (puisqu'ils étaient alors majoritaires au Congrès), les républicains ont eux une vision bien plus économiquement libérale de la crise. En quelques mots : d'abord, la bulle était selon eux difficile à détecter. En effet, à chaque éclatement de bulle on souhaite pouvoir identifier les prochaines bulles a priori, mais on n'y arrive jamais. Ce serait la preuve que ce n'est pas possible. Ensuite, la faute est immédiatement (et presque entièrement) placée sur la politique d'accession à la propriété des plus modestes, intervention étatiste dans l'économie aux effets pervers. Enfin, il n'y aurait selon eux aucune preuve de l'impact de la déréglementation dans la crise financière.
Bien sûr, l'intérêt de ce rapport demeure, par la présence de faits précis et d'analyses poussées sur la finance de chaque côté. Mais le fait que démocrates et républicains soient chacun restés sur leurs positions, interventionnistes d'une part, libérales d'autre part, fait que cette commission n'aura pas totalement atteint son but. Comme les leçons tirées sont immédiatement mises en doute, il ne peut y avoir ni de certitude, ni sur le passé, ni sur ce qu'il faut faire. Néanmoins, les arguments déployés restent légitimes et intéressants.
Tout cela a provoqué une forte augmentation des prises de risques, soigneusement cachées par des montages. Les agences de notation se sont montrées à cette occasion inefficaces, certifiant "sans risque" des produits financiers particulièrement douteux. Ces prises de risques, financées par l'emprunt, ont permis la contamination du risque à toutes les institutions, d'où la contagion rapide et l'ampleur de la crise. L'incapacité des autorités à prévenir puis à à contrecarrer les premiers effets de cette crise est alors forcément fatal. La politique immobilière d'accession à la propriété menée via les instituts de crédit Fanny Mae et Freddy Mac est aussi en cause, étant bien placée dans les causes premières.
Le rapport est long, mais bien écrit, dans un style facile à lire, multipliant faits et anecdotes. Mais une surprise attend le lecteur à la fin : la présence d'opinions discordantes, délivrées à part du propos principal. Deux textes dont les auteurs ne sont autres que les quatre membres de la commission qui avaient été nommés par les républicains. Cela veut tout simplement dire que si la commission était bipartisane, le rapport, lui, ne l'est pas. Le rapport est la conclusion des démocrates (puisqu'ils étaient alors majoritaires au Congrès), les républicains ont eux une vision bien plus économiquement libérale de la crise. En quelques mots : d'abord, la bulle était selon eux difficile à détecter. En effet, à chaque éclatement de bulle on souhaite pouvoir identifier les prochaines bulles a priori, mais on n'y arrive jamais. Ce serait la preuve que ce n'est pas possible. Ensuite, la faute est immédiatement (et presque entièrement) placée sur la politique d'accession à la propriété des plus modestes, intervention étatiste dans l'économie aux effets pervers. Enfin, il n'y aurait selon eux aucune preuve de l'impact de la déréglementation dans la crise financière.
Bien sûr, l'intérêt de ce rapport demeure, par la présence de faits précis et d'analyses poussées sur la finance de chaque côté. Mais le fait que démocrates et républicains soient chacun restés sur leurs positions, interventionnistes d'une part, libérales d'autre part, fait que cette commission n'aura pas totalement atteint son but. Comme les leçons tirées sont immédiatement mises en doute, il ne peut y avoir ni de certitude, ni sur le passé, ni sur ce qu'il faut faire. Néanmoins, les arguments déployés restent légitimes et intéressants.