Il y a une dizaine de jours, une greffe du cœur n'a pu être réalisée pour une raison ahurissante : la grève des contrôleurs aériens à l'aéroport de Metz-Nancy Lorraine. La fermeture de cet aéroport a en effet empêché les équipes médicales de faire l'aller-retour entre Nantes, où une patiente attendait ce nouveau cœur, et Metz, où se trouvait le corps de la donneuse. Pour la patiente, c'est une chance de survie de perdue, alors qu'elle avait été prevenue qu'une greffe était imminente. Pour la donneuse, c'est le gâchis de quelque chose qui aurait pu au moins donner un peu de sens à son décès. C'est tout simplement une tragédie, du type qui aurait pu être évité très facilement.

Ce n'est pas la première fois que la profession de contrôleur aérien fait polémique. On apprenait ainsi il y a quelques années que les contrôleurs aériens travaillaient beaucoup moins que le temps pour lequel ils étaient payés, s'arrangeant entre eux pour se donner des congés à tour de rôle. Cela peut influer sur leurs opérations, mais les compagnies aériennes ne souhaitent pas aborder le sujet afin d'éviter le risque d'une grève.

Les grèves, c'est le véritable pouvoir des contrôleurs aériens. Etant en mesure de paralyser l'ensemble du trafic aérien, leur capacité de nuisance est colossale pour tout un secteur, et permet leurs avantages hors normes actuels. Ils ne se privent pas de l'employer occasionnellement, ce qui pénalise entreprises et voyageurs. Les conséquences, comme on l'a vu dans cette dernière affaire, peuvent être de vie et de mort.

C'est en fait la même question pour tous les services d'intérêt général. Personne ne devrait avoir le droit de bloquer les transports, qu'ils soient routiers, ferroviaires ou aériens. S'il existe bien une concurrence entre compagnies aériennes, ce qui permettra à un voyageur de changer de compagnie si l'une fait grève, ce n'est pas le cas pour les aéroports. Généralement il y a un aéroport par ville, et même lorsqu'il y en a plusieurs, ils sont complémentaires et non en concurrence. Ce sont des équipements qui ont vocation à être utilisés en permanence, au service de l'intérêt général. Il est donc nécessaire qu'ils ne puissent être bloqués par une grève. Et ela implique bien sûr, comme pour tous les autres services d'intérêt général, de nouvelles mesures réglementant beaucoup plus strictement la possibilité de faire grève...