Par un décret datant du 28 février dernier, il est donc désormais d'avoir un éthylotest dans chaque véhicule. Pourquoi ? On ne sait pas. L'idée est probablement de combattre l'alcool au volant. Fort bien, mais alors, en quoi cette mesure va-t-elle dans la bonne direction ? Rien ne change aux limites de taux d'alcools dans le sang, et ce n'est pas avoir un éthylotest dans sa voiture qui change quoi que ce soit. On comprenait mieux l'obligation d'avoir un gilet de sécurité, puisqu'il devenait utile en cas d'accident : il s'agissait de le mettre le temps de poser la signalisation prévenant les véhicules suivant. L'éthylotest n'aidera pas vraiment le conducteur ivre, puisqu'il ne le dessaoulera pas, et ne le protégera en aucune façon. Ce n'est pas une espèce de paratonnerre à alcool. Le conducteur ivre fera comme avant : il s'abstiendra de conduire. Ou si c'est un conducteur inconscient, il reprendra le volant, sans toucher à l'éthylotest, soigneusement rangé dans sa boîte à gants.

Voilà le fond du problème : il n'y a aucune obligation liée à cet éthylotest, mise à part sa présence. Il relève donc du porte bonheur. Et si jamais un conducteur se décidait un jour à l'utiliser, pour être sûr qu'il est en dessous de la limite légale, eh bien si le test s'avère négatif, il ne pourra pas prendre le volant quand même... puisqu'il n'aura plus d'éthylotest valide dans son véhicule. On marche sur la tête. Quand on sait qu'en plus, ces machins ont des dates de péremption, on comprend bien que ce décret ne servira en fin de compte qu'à une seule catégorie de personnes : les fabricants d'éthylotests.

L'éthylotest obligatoire, c'est à partir du 1er juillet, et la verbalisation pourra commencer le 1er novembre. Mais il y a fort à parier que devant une obligation aussi stupide, les forces de l'ordre préféreront se concentrer sur d'autres points lors d'un contrôle routier... comme faire souffler le conducteur dans un éthylotest qu'ils fourniront. C'est bien ça qui compte après tout.