En refusant de briguer l'investiture UMP (ou le "soutien logistique et financier" du parti, comme elle souhaite le désigner), Michèle Alliot-Marie semble renoncer à la présidentielle. Pourtant, elle affirme qu'elle considère toujours une candidature hors parti. Mais si elle n'a pas l'investiture de la droite, cela voudra nécessairement dire que si elle se présente en dehors, il y aura au moins deux candidats qui en seront issus. Pour quelle utilité ? Diviser pour mieux régner ?

Une double candidature de l'UMP est le souhait de Jean-Marie Le Pen, qui table ouvertement sur une élimination de la droite au premier tour de la présidentielle, en comptant gagner l'élection face à Ségolène Royal. Le risque n'est pas mince, et c'est la raison pour laquelle cette candidature de Michèle Alliot-Marie serait jugée sévèrement par la droite, voire par tout à chacun. Surtout que son intervention n'apporte pas grand chose. Les "forums" de l'UMP dont elle avait demandé l'organisation ont montré les différences en fin de compte minces qu'elle avait avec Nicolas Sarkozy. Alors, que reste-t-il qui puisse justifier une candidature de sa part ? Ce n'est donc pas un projet de société fondamentalement différent ou incompatible développé par l'UMP. Une haine personnelle pour Nicolas Sarkozy ? Ce serait plutôt la raison qui motiverait Dominique de Villepin, autre personnalité à croire seule en sa destinée personnelle. Il ne reste plus qu'une ambition personnelle, d'autant plus folle qu'elle se fait sans le soutien de qui que ce soit. Il est en fait peu probable qu'elle se lance en fin de compte dans une candidature solo, mais toute la séquence de ses hésitations sur une éventuelle aventure solitaire et dangereuse laisse une étrange impression. Car si c'est une personne qui a de nombreuses qualités, la façon dont elle est intervenue donne l'image de quelqu'un soucieux avant tout de sa propre personne, à l'ego mal mis en avant. Ce n'est certes pas nouveau en politique, mais là c'est vraiment maladroit et absurde.