lundi 30 avril 2007
Le contre-exemple italien
Par xerbias, lundi 30 avril 2007 à 23:04 :: Europe
Dans une émission de télévision, l'un des arguments de Ségolène Royal pour mettre en cause Nicolas Sarkozy fut qu'il était soutenu par Silvio Berlusconi, l'ancien Premier ministre italien. Etant elle même soutenue par Hugo Chavez, le président vénézuélien qui ne fait jamais dans la modération et se positionne sur une ligne totalement anti-américaine, elle devrait savoir que l'on ne choisit pas toujours ses soutiens. Elle souhait probablement surtout mettre en avant le fait qu'elle était soutenue par Romano Prodi, le nouveau Premier ministre italien, qui a repris le pouvoir en formant une coalition entre le centre-gauche et l'ensemble de la gauche, communistes compris. C'est un signe fait en direction des électeurs de François Bayrou pour montrer qu'il est possible de former un gouvernement qui accueillerait les centristes, sans faire partir l'extrème gauche qui soutient depuis le soir du premier tour Ségolène Royal. Il est pourtant étrange de vouloir prendre comme exemple l'Italie, d'en faire un modèle à appliquer à la France.
Déjà d'un point de vue institutionnel, l'Italie souffre considérablement d'être resté dans un système semblable à celui de notre IVème République. Avec la proportionnelle intégrale, qui a prévalu jusqu'en 1993, les petits partis détenaient un pouvoir démesuré, incitant grandement à leur création. Il en résultait un paysage politique morcelé, d'où des coalitions fragiles et une instabilité gouvernementale chronique, les Premier ministres ne restant pas bien longtemps en place, alors que le Président italien ne dirige pas le pays dans les faits. D'autres systèmes électoraux complexes ont suivi ensuite, mais le nombre de partis reste encore incroyablement élevé, et le terme de partitocratie reste d'actualité pour décrire ces ensembles politiques. De plus, les majorités dégagées sont loin d'être fortes, et l'année dernière il ne fut pas évident de savoir quelle coalition l'avait emporté lors des élections législatives. Avec deux sièges d'avance seulement au Sénat, Romano Prodi parvint à faire quitter le pouvoir à Silvio Berlusconi, mais ce socle est loin d'être solide. Ainsi, après neuf mois au pouvoir seulement, Romano Prodi dut donner la démission de son gouvernement au Président italien après un désaccord au sein de sa majorité sur la question afghane, et un vote de confiance rejeté. Un remaniement permit à Romano Prodi de rester au pouvoir, mais la situation reste instable. De plus, ces coalitions forcent la constitution de gouvernements pléthoriques pour que chaque petit parti soit certain d'être représenté à sa convenance. Romano Prodi doit ainsi gérer pas moins de 36 ministres et 66 secrétaires d'Etat.
Le résultat n'est pas probant. La croissance italienne est l'une des plus faibles d'Europe, en étant encore plus basse que celle-française. Leur chômage suit des évolutions analogues au notre. Longtemps l'économie italienne à été financée par une forte inflation, et encore aujourd'hui la dette publique italienne reste colossalle. Si l'Italie garde une certaine puissance au sein de l'Europe, ce ne sont pas vraiment les performances de ses gouvernements successifs qui l'ont aidée à progresser. L'Italie peut donc difficilement représenter un exemple à suivre pour la France. Mais il y a au moins un domaine où l'Italie peut susciter l'admiration, c'est dans son engagement constant dans la construction européenne, faisant partie des membres fondateurs. Il est au moins heureux de constater que ce n'est pas ce pays qui bloquera le développement de l'Europe politique en général, même si l'Italie a évidemment des intérêts à y faire valoir.
Déjà d'un point de vue institutionnel, l'Italie souffre considérablement d'être resté dans un système semblable à celui de notre IVème République. Avec la proportionnelle intégrale, qui a prévalu jusqu'en 1993, les petits partis détenaient un pouvoir démesuré, incitant grandement à leur création. Il en résultait un paysage politique morcelé, d'où des coalitions fragiles et une instabilité gouvernementale chronique, les Premier ministres ne restant pas bien longtemps en place, alors que le Président italien ne dirige pas le pays dans les faits. D'autres systèmes électoraux complexes ont suivi ensuite, mais le nombre de partis reste encore incroyablement élevé, et le terme de partitocratie reste d'actualité pour décrire ces ensembles politiques. De plus, les majorités dégagées sont loin d'être fortes, et l'année dernière il ne fut pas évident de savoir quelle coalition l'avait emporté lors des élections législatives. Avec deux sièges d'avance seulement au Sénat, Romano Prodi parvint à faire quitter le pouvoir à Silvio Berlusconi, mais ce socle est loin d'être solide. Ainsi, après neuf mois au pouvoir seulement, Romano Prodi dut donner la démission de son gouvernement au Président italien après un désaccord au sein de sa majorité sur la question afghane, et un vote de confiance rejeté. Un remaniement permit à Romano Prodi de rester au pouvoir, mais la situation reste instable. De plus, ces coalitions forcent la constitution de gouvernements pléthoriques pour que chaque petit parti soit certain d'être représenté à sa convenance. Romano Prodi doit ainsi gérer pas moins de 36 ministres et 66 secrétaires d'Etat.
Le résultat n'est pas probant. La croissance italienne est l'une des plus faibles d'Europe, en étant encore plus basse que celle-française. Leur chômage suit des évolutions analogues au notre. Longtemps l'économie italienne à été financée par une forte inflation, et encore aujourd'hui la dette publique italienne reste colossalle. Si l'Italie garde une certaine puissance au sein de l'Europe, ce ne sont pas vraiment les performances de ses gouvernements successifs qui l'ont aidée à progresser. L'Italie peut donc difficilement représenter un exemple à suivre pour la France. Mais il y a au moins un domaine où l'Italie peut susciter l'admiration, c'est dans son engagement constant dans la construction européenne, faisant partie des membres fondateurs. Il est au moins heureux de constater que ce n'est pas ce pays qui bloquera le développement de l'Europe politique en général, même si l'Italie a évidemment des intérêts à y faire valoir.