Nicolas Sarkozy a été élu Président de la République française avec 53,06 % des voix. Le scrutin s'est déroulé après une longue campagne, durant laquelle il a clairement défendu les idées qui sont les siennes, et le programme qu'il compte mettre en oeuvre. Avec une participation très forte, et un écart des voix entre les deux finalistes du second tour aussi net, il a une légitimité forte pour accomplir les réformes qu'il a prévues. Il est difficilement contestable que c'est pour lui une éclatante victoire. Pourtant, sur le papier, les conditions lui étaient défavorables. En premier lieu, la droite était au pouvoir, et depuis 1981, les électeurs français avaient toujours choisi de changer de majorité, de sortir les sortants. Nicolas Sarkozy a réussi à briser cette malédiction, pour succéder à Jacques Chirac qui a été Président pendant douze ans, venant tous les deux du même camp. Alors que le gouvernement auquel il appartenait n'était pas particulièrement populaire, il a réussi à se détacher du lot en mettant en avant ses propres convictions. De plus, il était au centre d'un vaste mouvement de diabolisation, visant à le faire passer pour une espèce de fasciste sans pitié. Il est certain qu'il est détesté par une partie de la population, mais la grossièreté de la caricature n'a pas eu de réel effet, et de toutes façons elle n'avait de prise que sur ceux qui lui auraient été défavorables, étant très majoritairement de gauche. Son programme plutôt libéral, alors que la France est habituée aux manifestations corporatistes, ou son origine bourgeoise, en étant maire de Neuilly, pouvaient être des handicaps. Enfin, il avait été contesté au sein même de la droite, y ayant de nombreux ennemis. Mais il a su faire de ses oppositions des preuves de sa différence.

C'est pour Nicolas Sarkozy l'aboutissement d'une carrière d'une trentaine d'année. Commençant jeune comme militant de base, il arrive à se faire sa place à la mairie de Neuilly-sur-Seine, puis en tant que député de cette ville. Par son talent et son ambition, il monte rapidement dans les hautes sphères de la politique, étant d'abord un protégé de Jacques Chirac, puis en faisant campagne pour le rival de celui-ci à l'élection présidentielle de 1995, Edouard Balladur. L'échec de cette campagne ainsi que celui de celle des européennes de 1999 le pousse en retrait temporairement. Mais il parvient à revenir au premier plan, et c'est ainsi qu'il est nommé au Ministère de l'Intérieur en 2002, lors de la réelection de Jacques Chirac. Dès ce moment là, il n'a plus que la présidentielle pour ligne de mire, cette fois pour son compte.

En campagne permanente depuis 2002, voire même depuis ses 20 ans, il a largement eu le temps de faire de nombreux tours de la France dans le cadre de telle ou telle élection. Détesté pour sa trahison en 1995, il a retrouvé la popularité par ce qu'il a présenté comme sa "passion pour l'action", un frénétisme qui l'a rendu omniprésent ces dernières années. Lors de cette campagne, il a pu surprendre par sa stratégie positionnée clairement à droite, contestant le fait que les élections se gagnaient forcément au centre. Il a ainsi pu aborder le front le terrain des valeurs, avec en premier lieu le travail et l'autorité. En fait, il a réussi à donner une nouvelle pensée que la droite pouvait assumer. C'est comme cela qu'il a construit une relation avec les Français, laquelle lui a permis de se faire élire.

Mais il devra se rappeler pourquoi il a été élu, sous peine de décevoir autant que ses prédécesseurs à la Présidence de la République. Si toutes les mesures de son programme ne sont pas d'égale importance, il devra notamment avoir, en fin de mandat, réussi dans plusieurs dossiers dont les plus importants sont :
- le plein emploi
- la relance de la construction européenne
- la relance de la croissance
- la maîtrise des comptes publics.
- le service minimum
Evidemment, pour cela, il lui faudra une majorité à l'Assemblée Nationale pour faire des réformes parfois difficiles. La campagne des législatives commence donc dès maintenant. Et peut être aussi celle de 2012...

Photo : L'Express