Les pays d'Europe centrale et orientale se sont vus imposer le communisme après la seconde guerre mondiale. Ils ne l'avaient jamais demandé, mais lors de leur libération par l'Armée rouge, l'URSS a fait en sorte que les partis communistes qui lui étaient rattachés noyautent les différents gouvernements, et rapidement ils réussirent à instaurer le communisme dans chacun de ces pays. Les "démocraties populaires" correspondaient en fait à des Etats satellites de l'URSS, des vassaux qui étaient dirigés par des dictateurs locaux. A chaque fois, l'idéologie communiste servait de prétexte pour la suppression des libertés et la mise au pas soviétique. La Russie s'en est servi pour créer et maintenir une zone de domination territoriale sur les pays voisins, laissant transparaître une politique nationaliste qui existait avant et existera après l'épisode d'inspiration marxiste. Lorsqu'à la suite de la chute du mur de Berlin, chacune de ces démocraties populaires a réussi à mettre fin à la dictature communiste, ce fut une nouvelle libération, après celle de l'occupation de nazisme. Au vu de de ces décennies de suppression des libertés publiques et de misère économique, il n'est pas étonnant que les pays de l'Europe de l'est soient peu enclins aux théories issues du socialisme.

Cela va donc faire bientôt une vingtaine d'années que leur vie politique est désormais dominée par des mouvements de tendance libérale, atlantiste et eurosceptique. Le crédit pour la fin du joug soviétique est donné aux Américains, et les Etats-Unis sont donc devenus le modèle à suivre pour ces pays qui redécouvraient la démocratie. Avec l'intégration de 10 pays supplémentaires en 2004, l'Union Européenne a ainsi vu du jour au lendemain les opinions exprimées par la Grande Bretagne considérablement renforcées, créant un défi de taille pour toute l'Europe. Le fossé est grand, en effet, entre les pays fondateurs comme la France, l'Allemagne ou l'Italie, partisans d'une intégration européenne plus poussée et acceptant l'intervention de l'Etat, et les nouveaux comme la Pologne ou la République Tchèque, qui, s'ils ont parfois des positions différentes, se retrouvent sur la confiance en l'OTAN, le rejet de l'intervention européenne et l'hostilité envers la Russie.

Ce fossé n'est peut être pas la seule source de difficultés de l'Union Européenne, mais ce n'est pas la moindre. Les années passent, et la Russie retrouve sa puissance, et en même temps ses ambitions voire son arrogance : à l'instar des pays baltes, toute l'Europe de l'est est partagée entre soumission et révolte fébrile vis-à-vis du retour de la volonté de domination territoriale de la part de la Russie. Ce que les présidents polonais et tchèques expriment, c'est avant tout un refus net du retour à la situation antérieure. Les gouvernements des pays de l'Europe de l'est, que l'on peut classer à droite, rejettent le fédéralisme européen car ils ont des mauvais souvenirs de la domination russe qui les privait de leur indépendance. Aujourd'hui, ils ne rêvent que de libérté, et n'entendent pas les appels à la coopération qui viennent de l'ouest.