La notion de libre arbitre est centrale dans l'image que l'on se fait de l'être humain. Dans quel mesure les actions d'un homme dépendent de ses décisions prises librement, et non les conséquences inévitables de causes préalables ? De cette alternative, apparaît deux possibilités, deux visions différentes. Soit l'environnement de chaque personne la façonne de façon si complète qu'elle en adoptera une certaine personnalité, une certaine façon de voir les choses, une grille de lecture à travers lesquelles tout sera jugé, et au bout de laquelle chaque cas aura une conclusion immanquable. Dans une telle optique, tout événement est inévitable, en n'étant que la conséquence de ceux précédents. Ou soit la vie présente à chaque personne des situations qu'elle devra juger de façon toujours nouvelle, lui laissant le choix. Elle devra alors choisir l'un des termes de l'alternative, mais ayant cette possibilité même de choisir intérieurement, expérimentera le libre arbitre : la capacité de penser et d'agir librement.

Le concept de responsabilité est indissociable de celui de libre arbitre. En effet, comment quelqu'un peut-il être tenu responsable de ses actes si l'on est dans l'hypothèse du déterminisme, où tout fait est inévitable depuis le commencement ? Sur la base de cette seule question repose toute l'idée de responsabilité. La société est obligée de retenir l'hypothèse que chaque personne dispose de son libre arbitre, sous peine d'anéantir toute responsabilisation personnelle, entraînant directement une anarchie où chacun excuserait ses actes par un fatal déterminisme.

Ainsi, toute personne consciente et étant douée de raison est considérée comme étant titulaire de son libre arbitre. Cela exclut donc deux catégories de personnes : ceux ayant des troubles mentaux, dont il faut prendre soin spécialement, et bien sûr les enfants, placés sous la responsabilité de leurs parents. En manquant des connaissances les plus élémentaires ainsi que d'une véritable expérience du raisonnement, les enfants ne sont pas en mesure de faire des choix éclairés, ils ne discernent pas les enjeux des différentes alternatives et ne sont donc pas en mesure de prendre soin d'eux-mêmes. C'est pour cela qu'il faut les éduquer. Et ils apprennent vite. A 10 ans, un enfant a généralement une très bonne idée de ce qui est moralement bien ou mal. Charge à lui, comme à tout le monde, de prendre les décisions qui vont dans le bon sens.

Un adolescent grandissant peut de moins en moins se servir de l'excuse de l'ignorance. Il peut être objecté que même les adultes peuvent être manipulés. Il n'en reste pas moins qu'au moment du choix, ils doivent pouvoir être redevables des décisions qu'ils prennent, quelque soit l'environnement.