Après plus de 230 jours, la Belgique n'a toujours pas réussi à constituer de vrai gouvernement. Aujourd'hui, le roi a souhaité que le gouvernement sortant prépare un budget, bien qu'il n'ait pas de majorité établie au Parlement. Wallons et Flamands n'arrivent pas à s'entendre sur le degré d'autonomie des régions, et en particulier sur le sort des communes limitrophes de Bruxelles, francophones, mais situées en territoire flamand. En quelque sorte, en prévision d'un divorce, c'est de la garde des enfants dont il est question (en l'occurrence, Bruxelle et sa périphérie). En Flandre, les néerlandophones multiplient les actes hostiles à l'installation de Wallons sur le territoire, parfois même au niveau institutionnel. Sous l'influence de partis politiques nationalistes forts, c'est une politique à la limite du racisme qui a lieu, une intolérance étonnante car les mêmes sont les premiers promoteurs de l'intégration européenne. Les Flamands veulent la séparation, et feront tout pour.

Mais on peut aussi regarder l'envers de la chose. Dans les causes de tout cela, il y a bien sûr un ressentiment fort envers les humiliations vécues ou ressenties de la part des Wallons, autrefois dominants. C'est un peu un jeu malsain où celui qui est majoritaire aujourd'hui veut faire payer de la même manière les mauvais comportements subis lorsqu'il était minoritaire. Mais il y a d'autres données qui maintiennent cette coupure vive. Si de nombreux Flamands parlent français, rares sont les Wallons à parler le flamand. Forcément, cela complique les relations, et donne aux Flamands le sentiment que les Wallons ne prennent jamais la peine de faire l'effort que eux sont prêts à consentir.

Mais au delà de ça, le pays est aussi nettement divisé économiquement parlant. Alors que la Flandre sont prospères, la Wallonie est durement touchée par le chômage et les difficultés économiques. En conséquence, la Wallonie a besoin de forts transferts financiers de la part de la Flandre, ce qui est au fil des années, est encore une fois très mal vu. Les Flamands se demandent pourquoi la Wallonie n'arrive pas à faire les réformes sociales qui rendraient à nouveau cette région compétitive, et pourquoi la Flandre devrait être celle qui devrait payer pour ça. Et en fait, cette question est tout à fait pertinente.

Il y a un problème d'état d'esprit en Wallonie. Il n'est pas si différent de celui de la France, mais lorsqu'on peut le comparer si facilement à celui d'entrepreneur de la Flandre, il devient manifeste. La Wallonie se complait depuis des décennies dans le traitement des effets du chômage, sans s'attaquer vraiment à ses causes profondes. Alors que la Flandre a des gouvernements libéraux ou de centre droit la plupart du temps, la Wallonie enchaînent les gouvernements de gauche. Le Parti Socialiste est ainsi à la tête de la région wallonne depuis 1979, mis à part trois années dans les années 80. Cette politique a des effets nocifs sur la santé économique de la région, mais la population wallonne continue d'apporter sa confiance aux mêmes personnes qui l'enterre malgré tout à grand coup de générosité. Quelques personnes suggèrent que la Wallonie pourrait être rattachée à la France, mais celle-ci la voudrait-elle dans cet état ? Même si ce n'est pas pour plaire à la Flandre, la Wallonie aurait en fait tout intérêt pour elle-même à changer nettement de direction dans la gestion de ses affaires courantes. Cela passe par une prise de conscience des Wallons.