Les années passent, et certains thèmes deviennent de plus en plus récurrents dans l'actualité. La question du hallal fut ainsi à nouveau posée récemment, le changement étant que cette fois, c'était en pleine campagne présidentielle. Certains diraient que c'est parce qu'il y a de plus en plus d'intolérance à ce sujet. D'autres répondraient que c'est parce que le phénomène est de plus important. Quoi qu'il en soit, pour les professionnels de l'agro-alimentaire, c'est désormais considéré comme une tendance en forte croissance, à ne pas négliger.

En tant que telle, la nourriture hallal n'a rien de nouveau. Les juifs ont un équivalent avec la nourriture casher, et ce depuis toujours. La seule évolution est donc dans sa prévalence, plus forte aujourd'hui. Cela entraîne des conséquences auxquelles nous n'étions pas préparées. C'est en fin de compte une question de choix. On sait bien qu'un musulman pratiquant ne mangera pas de porc. S'il souhaite ne manger que de la viande abattue selon les rites musulmans, cela complexifiera la tâche, et nécessitera une filière de distribution supplémentaire pour lui permettre ce choix. La question devient franchement épineuse quand on constate que dans certains quartiers, c'est la seule filière de distribution de la viande, il devient impossible pour les habitants non musulmans d'acheter une banale tranche de jambon.

Quand on en est là, c'est que la logique communautaire règne : une religion minoritaire sur l'ensemble du territoire s'avère très majoritaire sur ce quartier, ce qui distingue un "ghetto" d'un quartier où il y a une diversité de population. Ce sont des quartiers populaires dont les anciens commerces traditionnels ont disparu, ou bien se sont adaptés. Les commerces les plus vus sont les livreurs de pizza hallal, les boucheries hallal et les taxiphones (pour appeler les pays africains à bas prix). Quand le seul coiffeur est en plus spécialisé dans les coupes africaines, on peut se sentir isolé si l'on n'a pas ce genre de demandes.

Ce communautarisme aussi flagrant met mal à l'aise, quand la France a un modèle assimilationniste. Il y a par exemple plusieurs médias (magazines ou sites) qui s'adressent explicitement aux femmes noires. Ils ne sont pas forcément mal conçus au niveau de leur contenu, mais que dirait-on si un magazine déclarait avoir pour cible les femmes blanches ? Un tel manque d'universalité choquerait, et à juste titre. On s'en rend bien compte à la lecture, les femmes, quelles que soient leurs couleurs de peau, semblent avoir les mêmes interrogations, à la limite du cliché : comment réussir sa vie familiale et professionnelle, comment rester attractive, comment exceller dans l'art de vivre... Il n'y a que les apparences qui sont diverses, au bout du compte, la culture française est la même pour tous. Il est donc inutile de vouloir segmenter jusqu'à l'excès.