vendredi 8 septembre 2006
Quel avenir pour la presse quotidienne ?
Par xerbias, vendredi 8 septembre 2006 à 19:16 :: Economie
De nombreux quotidiens français sont en crise, et c'est la lecture globale de quotidiens qui diminue année après année. On peut trouver de nombreuses raisons à cette évolution. En premier lieu, les jeunes générations qui ont grandi avec la télévision ont moins pris l'habitude de lire des journaux tous les jours. C'est plutôt sur internet qu'elles s'orientent pour trouver des informations fréquemment réactualisées, disponibles tout le temps avec une simple connexion. Ensuite, l'arrivée de quotidiens gratuits visant un public urbain fait une dure concurrence aux quotidiens payants établis, aux positionnements différents. Les gratuits leur prennent des lecteurs, et encore plus des annonceurs, ce qui met à mal le modèle économique des payants. Enfin, on peut penser que les payants sont vieillissants, et les jeunes lecteurs peuvent avoir du mal avec des lectures éloignées de leurs centres d'intérêt. En particulier, le manque d'attrait des plus jeunes pour la politique leur fait perdre de l'intérêt, vu que la politique était justement l'actualité la plus sérieuse, celle mis en avant par les journaux les mieux établis. Ainsi, si le quotidien sportif l'Equipe se porte bien alors que le sport reste un centre d'intérêt important pour les Français, le Figaro, le Monde et surtout Libération perdent des lecteurs, alors que ce sont justement ces quotidiens qui sont perçus comme la référence.
Le rôle d'internet n'est pas à négliger : ces trois quotidiens proposent leurs éditions du jour en ligne, gratuitement, en les finançant par la publicité. Ce n'est pas absurde, vu la part croissante des dépenses publicitaires sur internet dans les budgets des annonceurs. Mais si cela compense les pertes dues au manque à gagner en publicité des éditions papier du fait de leur nombre plus faible de lecteurs, cela remplace difficilement les revenus générés par l'achat du journal imprimé ou des abonnements. Il y a la possibilité de rendre la consultation des nouveaux articles payants, comme c'est le cas pour le Financial Times ou Les Echos. Actuellement, pour les trois quotidiens de référence, seules les archives sont payantes. Ce serait donc une bonne opportunité, mais surtout un pari risqué, vu que ce serait se priver de ressources publicitaires en ligne, sans connaître le nombre de lecteurs prêts à payer pour l'édition en ligne du journal.
Pour attirer de nouveaux lecteurs, les journaux ont tenté de lancer des nouvelles formules, avec de meilleures mises en pages et des formats différents. Si l'effort est nécessaire du fait que les journaux gratuits sont souvent plus confortables à lire que leurs aînés payants, il n'est pas suffisant. Le critère du prix et de la distribution est très important dans l'affrontement avec les gratuits. La presse quotidienne régionale bénéficie de réseaux de distributions locaux bien établis, et peut être difficilement remplacée vu l'ancrage de proximité des informations, et donc la valeur ajoutée particulière qu'elle apporte. La presse quotidienne nationale, elle, doit vraiment se concentrer sur ces deux critères. La lutte est pourtant malaisée, et la volonté risque de ne pas suffire. Du point de vue de la distribution, le nombre de kiosquiers et d'espaces presse est à la baisse. En cause : une rémunération faible et des conditions de travail pénibles. Les kiosquiers mettent particulièrement en cause les difficultés logistiques générées par le fait qu'ils ne peuvent refuser des marchandises à mettre en vente. Il est donc déjà nécessaire de modifier ce point de loi. La question de la rémunération des distributeurs va de pair avec celle du prix des journaux. A ce niveau là , les groupes de presse ont malheureusement trop peu de marges de manoeuvre. Ils ont à supporter des coûts exorbitants d'impression et d'acheminement vers les distributeurs. La faute en revient aux syndicats du livre qui plombent les Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne. Cette entreprise a par la loi un monopole sur ces activités, mais leur contrôle par un syndicat obèse et corporatiste jusqu'à l'extrême rend toute évolution difficile. De par son pouvoir, le syndicat a réussi à obtenir des niveaux de rémunération et des accords collectifs complètement surdimensionnés, en ne se souciant absolument pas des conséquences de telles exigences sur leurs clients. Les membres de ce syndicat n'hésitent pas à faire grève, bloquant l'impression de tous les journaux s'ils sont des désaccords avec la direction de l'un d'entre eux. Si cela ne suffit pas, ils font usage de la violence. C'est donc à une organisation qui fait régner la terreur que la presse fait face alors qu'elle est mal en point. Les journaux gratuits étaient bien inspirés de ne pas y faire appel dès le départ, même si pour cela, ils ont eux aussi du faire face à des représailles parfois violentes.
Plutôt que de maintenir en respiration artificielle des journaux à bouts de souffles par des volumineuses aides publiques, ce qui n'est d'ailleurs pas sain au niveau des pressions qui peuvent être exercées dans les deux sens, l'Etat ferait mieux de s'attaquer à ce monopole du syndicat du livre. Une grève importante suivrait, et c'est la raison pour laquelle il faudrait prévoir par avance un plan de financement, et éventuellement d'ultimes aides étatiques pour surmonter cette dernière épreuve syndicale. Mais une fois que les groupes de presse bénéficieront de davantage de liberté quant à l'impression et à l'acheminement des journaux, ils bénéficieront d'une grande partie des marges, leur laissant la possibilité de baisser les prix des journaux, actuellement parmi les plus élevés d'Europe, et de mieux rémunérer les détaillants, permettant ainsi de régénérer leur réseau de distribution. Les aides de l'Etat n'auraient alors plus de raison d'être. Ce n'est pas le seul cas où le contrôle d'un syndicat irresponsable met en difficulté la survie même d'importantes entreprises. Mais c'est certainement l'un des plus manifestes.
Le rôle d'internet n'est pas à négliger : ces trois quotidiens proposent leurs éditions du jour en ligne, gratuitement, en les finançant par la publicité. Ce n'est pas absurde, vu la part croissante des dépenses publicitaires sur internet dans les budgets des annonceurs. Mais si cela compense les pertes dues au manque à gagner en publicité des éditions papier du fait de leur nombre plus faible de lecteurs, cela remplace difficilement les revenus générés par l'achat du journal imprimé ou des abonnements. Il y a la possibilité de rendre la consultation des nouveaux articles payants, comme c'est le cas pour le Financial Times ou Les Echos. Actuellement, pour les trois quotidiens de référence, seules les archives sont payantes. Ce serait donc une bonne opportunité, mais surtout un pari risqué, vu que ce serait se priver de ressources publicitaires en ligne, sans connaître le nombre de lecteurs prêts à payer pour l'édition en ligne du journal.
Pour attirer de nouveaux lecteurs, les journaux ont tenté de lancer des nouvelles formules, avec de meilleures mises en pages et des formats différents. Si l'effort est nécessaire du fait que les journaux gratuits sont souvent plus confortables à lire que leurs aînés payants, il n'est pas suffisant. Le critère du prix et de la distribution est très important dans l'affrontement avec les gratuits. La presse quotidienne régionale bénéficie de réseaux de distributions locaux bien établis, et peut être difficilement remplacée vu l'ancrage de proximité des informations, et donc la valeur ajoutée particulière qu'elle apporte. La presse quotidienne nationale, elle, doit vraiment se concentrer sur ces deux critères. La lutte est pourtant malaisée, et la volonté risque de ne pas suffire. Du point de vue de la distribution, le nombre de kiosquiers et d'espaces presse est à la baisse. En cause : une rémunération faible et des conditions de travail pénibles. Les kiosquiers mettent particulièrement en cause les difficultés logistiques générées par le fait qu'ils ne peuvent refuser des marchandises à mettre en vente. Il est donc déjà nécessaire de modifier ce point de loi. La question de la rémunération des distributeurs va de pair avec celle du prix des journaux. A ce niveau là , les groupes de presse ont malheureusement trop peu de marges de manoeuvre. Ils ont à supporter des coûts exorbitants d'impression et d'acheminement vers les distributeurs. La faute en revient aux syndicats du livre qui plombent les Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne. Cette entreprise a par la loi un monopole sur ces activités, mais leur contrôle par un syndicat obèse et corporatiste jusqu'à l'extrême rend toute évolution difficile. De par son pouvoir, le syndicat a réussi à obtenir des niveaux de rémunération et des accords collectifs complètement surdimensionnés, en ne se souciant absolument pas des conséquences de telles exigences sur leurs clients. Les membres de ce syndicat n'hésitent pas à faire grève, bloquant l'impression de tous les journaux s'ils sont des désaccords avec la direction de l'un d'entre eux. Si cela ne suffit pas, ils font usage de la violence. C'est donc à une organisation qui fait régner la terreur que la presse fait face alors qu'elle est mal en point. Les journaux gratuits étaient bien inspirés de ne pas y faire appel dès le départ, même si pour cela, ils ont eux aussi du faire face à des représailles parfois violentes.
Plutôt que de maintenir en respiration artificielle des journaux à bouts de souffles par des volumineuses aides publiques, ce qui n'est d'ailleurs pas sain au niveau des pressions qui peuvent être exercées dans les deux sens, l'Etat ferait mieux de s'attaquer à ce monopole du syndicat du livre. Une grève importante suivrait, et c'est la raison pour laquelle il faudrait prévoir par avance un plan de financement, et éventuellement d'ultimes aides étatiques pour surmonter cette dernière épreuve syndicale. Mais une fois que les groupes de presse bénéficieront de davantage de liberté quant à l'impression et à l'acheminement des journaux, ils bénéficieront d'une grande partie des marges, leur laissant la possibilité de baisser les prix des journaux, actuellement parmi les plus élevés d'Europe, et de mieux rémunérer les détaillants, permettant ainsi de régénérer leur réseau de distribution. Les aides de l'Etat n'auraient alors plus de raison d'être. Ce n'est pas le seul cas où le contrôle d'un syndicat irresponsable met en difficulté la survie même d'importantes entreprises. Mais c'est certainement l'un des plus manifestes.