Avec le nouveau retrait de Lionel Jospin, cette fois des primaires socialistes à l'élection présidentielle, nombreux sont ceux qui disent que Ségolène Royal est sûre d'obtenir l'investiture de son camp, et donc d'être au second tour de l'élection présidentielle. Son atout est d'être populaire, et la simple peur d'un renouvellement du 21 avril, où la gauche serait de nouveau absente au second tour, fait que les socialistes vont choisir le candidat qui semble actuellement avoir les meilleures chances de gagner l'élection, plutôt que de choisir celui qui ferait le meilleur président. Ségolène Royal est populaire pour des raisons bien peu liées à la compétence, c'est davantage la personnalité médiatique qui est mise en avant. Nicolas Sarkozy a beaucoup été critiqué pour son omniprésence dans les médias, résultant du fait qu'il agissait et qu'il le faisait savoir. Ségolène Royal est dans la même situation, si ce n'est qu'elle n'a rien à faire savoir, à part vanter un vague slogan, l'ordre juste. C'est donc à un spectacle vide que l'on assiste, et de ce fait, si Nicolas Sarkozy fut au centre de ce que certains ont appelé le "Sarko Show", la tornade médiatique à laquelle on assiste aujourd'hui, qu'on pourrait appeler alors le "Ségo Show", apparaît bien effrayante en ne s'appuyant que sur une image, au lieu d'une action.

Car si Ségolène Royal venait à devenir Présidente, les décalages entre l'image et l'action apparaîtraient comme insurmontables. En ne prononçant que des formules vagues, des personnes désespérées peuvent projeter leurs espoirs dessus comme sur une toile blanche. Mais en passant à l'application, il ne pourra y avoir que des espoirs brisés, et encore plus de dégoût pour la politique. En attendant, les deux autres prétendants à l'investiture socialiste, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius, qui présentent des visions bien différentes et bien plus précises de leur projet pour la France, et qui sont expérimentés, sont condamnés à n'être que les opposants de circonstance à la reine des sondages, pour mieux lui permettre d'apparaître comme un renouvellement. Ce qui est absurde dans le fond, vu qu'elle est aussi ancienne en politique, mais n'a pas eu d'expériences ministérielles importantes. Bien plus étonnant, personne ne s'attarde actuellement sur sa pensée politique, alors qu'il est intéressant de remarquer qu'elle est marquée par un conservatisme rarement vu à gauche.

Le dernier espoir pour les autres prétendants socialistes à l'investiture sont les six débats portant sur le fond qui vont être organisés dans le mois à venir. Mais l'avenir de la France ne repose pas uniquement sur les personnalités politiques, ce sont d'abord les citoyens qui les élisent qui doivent se sentir responsables pour les politiques à mettre en oeuvre.