A l'université d'été de CAP 21, Corinne Lepage a appelé à une candidature unique écologiste à l'élection présidentielle. Cela fait suite à l'université d'été des Verts, où elle avait été invitée en compagnie de Nicolas Hulot, un autre candidat écologiste potentiel. Ces deux personnalités ne sont pourtant pas très bien vues par les militants du principal parti écologiste, les Verts.

Il faut dire que les Verts, à l'origine un mouvement dédié à la défense de l'environnement, s'est progressivement transformé en un parti dominé par l'idéologie gauchiste, perdant ainsi la neutralité originelle vis à vis de la gauche et de la droite. Les Verts portent désormais la responsabilité d'avoir fait de l'écologie un thème partisan, plutôt qu'un sujet pour lequel chacun doit s'impliquer. Cette évolution a été refusée par les anciens dirigeants verts Brice Lalonde et Antoine Waechter, qui ont en conséquence fondé leurs propres mouvements. Les Verts, qui en défendant une cause juste, celle de l'environnement, multipliaient les succès électoraux dans les années 80, sont devenus un parti miné par son éclatement en un nombre infini de tendances, suscitant peu d'intérêt des électeurs. Les Verts de Dominique Voynet et Noël Mamère sont devenus les défenseurs d'une politique "généreuse" mais irresponsable, parlant bien peu d'écologie, se permettant même de combattre l'énergie nucléaire, alors qu'elle permet au moins de ne pas émettre de dioxyde de carbone.

Les solutions défendues par les Verts ne sont souvent plus du domaine du possible, et sont de simples conséquences de leur idéologie post soixante-huitarde. Ce faisant, ils ne rendent pas service à la cause écologiste en se présentant comme ceux qui la défendent, alors que ce n'est plus le cas, ou tout du moins plus d'une façon sérieuse. Cela a favorisé l'apparition de mouvements écologistes indépendants, d'abord dissidents comme on l'a vu, mais aussi créés par des tiers, comme dans les cas de Corinne Lepage et de CAP 21. Leur voix est nécessaire pour rappeler à chacun l'importance de la prise en compte du facteur environnemental dans le développement des politiques, mais elle est polluée par celles des enfants maudits de l'écologie, les Verts. Pour ceux-ci, la question semble surtout de savoir s'il est opportun de se rallier à une candidature commune d'extrême gauche. Dès lors, il sera difficile de les ramener à la raison, et Corinne Lepage, ou d'autres, aura bien du mal à les faire adhérer à une candidature écologiste qui sortirait du cadre de la droite et de la gauche. Nous ne pouvons malheureusement que regretter une telle affiliation idéologique pour un parti qui aurait pu être utile, et souhaiter qu'un jour les Verts soient marginalisés par un mouvement écologique responsable d'une taille importante. En attendant, il ne faut pas oublier que c'est aussi la responsabilité des partis politiques traditionnels que de veiller à la préservation de l'environnement.