De Margaret Thatcher à Tony Blair
Par xerbias, mercredi 18 avril 2007 à 22:30 :: Europe :: #143 :: rss
Le Royaume-Uni est un pays marqué par un euroscepticisme fort. La méfiance résulte déjà de la nature insulaire de ce pays, qui a un peu de mal à se sentir tout à fait européen. Elle vient aussi d'un rejet d'une Union Européenne perçue comme trop bureaucratique et centralisatrice. Bon nombre de Britanniques ne souhaitent pas d'une administration qui serait un super Etat, alors que le pays est marqué par un libéralisme économique, par nature hostile à un trop grand rôle de l'Etat. Il n'en a pourtant pas toujours été ainsi. Dans les années 70, la Grande Bretagne était vue comme l'homme malade de l'Europe. Le chômage était important, la monnaie était attaquée, les déficits publics étaient tels qu'en 1976 le pays a été placé sous la tutelle du FMI. Le parti travailliste qui était au pouvoir entre 1974 et 1979 était dépendant des syndicats, et menait une politique très interventionniste, malgré les échecs économiques successifs. On parlait alors de régression dans le développement, et il n'y avait que les gisements de pétrole de la mer du Nord pour laisser espérer un avenir économique.
En 1979, les travaillistes ont essuyé une cuisante défaite. Margaret Thatcher s'est alors mis en tête de mettre en oeuvre des réformes économiques ambitieuses, voire radicales. Ce fut un vaste mouvement de privatisation, de baisse de l'interventionnisme étatique et de changements structurels. Il y a eu des conflits sociaux immenses, mais elle a obtenu des résultats. Cela s'est traduit dans l'électorat, les conservateurs ayant remportés les élections législatives de 1983, 1987 et 1992. Surtout, il a fallu que le parti travailliste change profondément pour retrouver la faveur des suffrages, en mettant de côté la vieille idéologie qui avait engendré les difficultés de la Grande Bretagne dans les années 70. En acceptant une certaine dose de libéralisme dans l'économie britannique, Tony Blair et les travaillistes ont réussi à se faire élire en 1997, et à se faire réélire en 2001 et en 2005. Si le libéralisme était si effroyable, on aurait pourtant pu penser que les Britanniques auraient demandé une autre politique à leurs dirigeants que celle qui est en place depuis presque 30 ans. Pourtant, actuellement, ce n'est pas le libéralisme économique qui fait débat outre-manche, le problème le plus important est l'implication de la Grande Bretagne dans la guerre en Irak.
Il y a quelques similitudes entre l'état du Royaume-Uni dans les années 70 et celui de la France actuellement. La situation n'est pas aussi grave, mais la croissance économique française est bien faible, les déficits et le chômage importants et les réformes doivent passer le tir nourri des corporatismes. Margaret Thatcher a eu des tords dans la politique qu'elle a appliqué, son hostilité profonde à la construction européenne ayant eu des effets dévastateurs, et son libéralisme économique pouvait pratiquement vu comme une forme de doctrine manquant de pragmatisme. Mais elle a eu du courage et de la volonté dans les réformes qu'il fallait mettre en place, quitte à s'attaquer à des citadelles de corporatismes pourtant considérées comme inattaquables. Une fois ces réformes effectuées, la vie politique et économique pouvait reprendre une vitesse de croisière sur ces bases, avec John Major et Tony Blair, quitte à rectifier les excès de la politique de Margaret Thatcher. De telles réformes sont nécessaires en France, et là aussi il faut de la volonté et du courage pour les accomplir. Il ne faut pas nécessairement adopter la même méthode que la dame de fer : la priorité doit être donné au dialogue social, s'il n'est pas considéré comme un simple rapport de forces dans la défense de corporatismes. C'est actuellement la volonté de Nicolas Sarkozy. Celui-ci s'entend bien avec Tony Blair. Si Nicolas Sarkozy est de droite, et le Premier ministre britannique appartient au parti travailliste, cela n'emêche pas Nicolas Sarkozy d'être moins libéral et plus engagé pour la construction européenne que Tony Blair. Mais ne serait-ce qu'un peu de volontarisme pourrait être suffisant pour améliorer les choses en France...
En 1979, les travaillistes ont essuyé une cuisante défaite. Margaret Thatcher s'est alors mis en tête de mettre en oeuvre des réformes économiques ambitieuses, voire radicales. Ce fut un vaste mouvement de privatisation, de baisse de l'interventionnisme étatique et de changements structurels. Il y a eu des conflits sociaux immenses, mais elle a obtenu des résultats. Cela s'est traduit dans l'électorat, les conservateurs ayant remportés les élections législatives de 1983, 1987 et 1992. Surtout, il a fallu que le parti travailliste change profondément pour retrouver la faveur des suffrages, en mettant de côté la vieille idéologie qui avait engendré les difficultés de la Grande Bretagne dans les années 70. En acceptant une certaine dose de libéralisme dans l'économie britannique, Tony Blair et les travaillistes ont réussi à se faire élire en 1997, et à se faire réélire en 2001 et en 2005. Si le libéralisme était si effroyable, on aurait pourtant pu penser que les Britanniques auraient demandé une autre politique à leurs dirigeants que celle qui est en place depuis presque 30 ans. Pourtant, actuellement, ce n'est pas le libéralisme économique qui fait débat outre-manche, le problème le plus important est l'implication de la Grande Bretagne dans la guerre en Irak.
Il y a quelques similitudes entre l'état du Royaume-Uni dans les années 70 et celui de la France actuellement. La situation n'est pas aussi grave, mais la croissance économique française est bien faible, les déficits et le chômage importants et les réformes doivent passer le tir nourri des corporatismes. Margaret Thatcher a eu des tords dans la politique qu'elle a appliqué, son hostilité profonde à la construction européenne ayant eu des effets dévastateurs, et son libéralisme économique pouvait pratiquement vu comme une forme de doctrine manquant de pragmatisme. Mais elle a eu du courage et de la volonté dans les réformes qu'il fallait mettre en place, quitte à s'attaquer à des citadelles de corporatismes pourtant considérées comme inattaquables. Une fois ces réformes effectuées, la vie politique et économique pouvait reprendre une vitesse de croisière sur ces bases, avec John Major et Tony Blair, quitte à rectifier les excès de la politique de Margaret Thatcher. De telles réformes sont nécessaires en France, et là aussi il faut de la volonté et du courage pour les accomplir. Il ne faut pas nécessairement adopter la même méthode que la dame de fer : la priorité doit être donné au dialogue social, s'il n'est pas considéré comme un simple rapport de forces dans la défense de corporatismes. C'est actuellement la volonté de Nicolas Sarkozy. Celui-ci s'entend bien avec Tony Blair. Si Nicolas Sarkozy est de droite, et le Premier ministre britannique appartient au parti travailliste, cela n'emêche pas Nicolas Sarkozy d'être moins libéral et plus engagé pour la construction européenne que Tony Blair. Mais ne serait-ce qu'un peu de volontarisme pourrait être suffisant pour améliorer les choses en France...
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment.
Ajouter un commentaire
Les commentaires pour ce billet sont fermés.