En ce jour de fête de l'Europe, l'Union Européenne voit enfin une chance de peut-être poursuivre sa construction. Celle-ci a été bloquée par les non français et néerlandais au Traité Constitutionnel Européen. Mais ce serait réducteur de croire que ces deux pays étaient les seuls obstacle à la poursuite de la construction européenne. La Pologne, la Grande-Bretagne ou le Danemark étaient des difficultés autrement plus coriaces pour cette adoption, que les deux premiers rejets ont permis d'éviter. Toujours est-il qu'il faut surmonter ce bloquage. Alors qu'il n'y avait évidemment aucun plan B pour sortir de cette impasse, nous sommes condamnés à faire quelque chose, à inventer ce plan B malgré les deux ans de perdus, et malgré les renégociations difficiles qui sont à prévoir. Si la Pologne conservatrice semble plus que jamais réticente, le nouveau Président de la France a été élu avec un mandat fort concernant la relance de la construction européenne. José Manuel Barroso, le Président de la Commission Européenne, est conscient des difficultés causées par cet arrêt au fonctionnement des programmes européens, et est prêt à travailler sur un scénario de sortie de crise avec les différents pays. Le prochain Conseil de l'Europe, présidé par l'Allemagne, doit en être le moment opportun. La relance pourrait s'y faire sur la base du traité simplifié voulu par Nicolas Sarkozy dans sa campagne.

Alors que les Polonais ou les Néerlandais souhaiteraient de préférence une renégociation intégrale, raffraichissant seulement le Traité de Nice, cette idée de traité simplifié apparait comme une idée qui fait son chemin, une voie qui a sa pertinence aux autres pays qui ont déjà ratifié le TCE. Ceux-ci préféreraient que les pays retardataires le ratifient à leur tour, mais le réalisme montre que c'est une solution pragmatique, plus évoluée et en fait meilleure que la renégociation totale. Les Britanniques voient la possibilité de s'abstenir de faire un référendum si les Français n'en organisent pas, les Polonais pourraient se faire une raison si quelques points délicats étaient abordés, et l'Allemagne voit d'un bon oeil l'idée de conserver les avancées du TCE, même si les traités d'ordre non institutionnels ne sont pas intégrés à celui qui serait adopté. Certes, le SPD allemand réchigne à cette idée, mais surtout du fait qu'il a une position commune avec le PS français, c'est à dire de rajouter un protocole social à texte déjà bien chargé dans l'idée de le soumettre à nouveau au vote.

En tous cas l'élection de Nicolas Sarkozy à la Présidence française est vue comme une bonne nouvelle en Europe, du fait des actions qu'il souhaite accomplir, et avec la Présidence allemande de l'Europe qui est en cours, il reste de l'espace pour agir très rapidement, et obtenir des progrès décisifs avant l'été. Si en France le nouveau traité simplifié serait ratifié par le Congrès, alors les prochaines législatives seront de fait une nouvelle consultation sur l'Europe. Cette dimension ne pourra être absente de la campagne qui s'ouvre actuellement. Et tous nos voisins attendent que la France retrouve son rôle de moteur dans la construction européenne qu'elle a malheureusement perdue.