Aussi disparates qu'ils sont perçus, les pays de l'ex-Yougoslavie ont des relations avec l'Union Européenne bien différentes. Ils ont pourtant tous vocation à entrer dans l'Union Européenne. C'est d'ailleurs le chemin qu'a suivi efficacement la Slovénie. Ce pays situé au nord des Balkans a eu la chance d'échapper aux longs conflits armés qui ont suivi l'éclatement de la Yougoslavie (il n'y eut qu'une faible guerre de 10 jours en 1991). Elle a ainsi pu s'adapter rapidement au modèle économique européen, pour arriver à un niveau de développement comparable à d'autres pays de l'Europe de l'ouest. Elle a ainsi pu adhérer sans difficulté à l'Union Européenne en 2004, et adopter l'euro comme monnaie dès 2007. Elle présidera en 2008 le Conseil de l'Europe, et si elle reste un petit pays (avec deux millions d'habitants), elle n'en est pas moins respectée comme exemple de pays réussissant à passer à l'économie de marché sans difficulté et surtout sans psychodrame. Car le problème de la Yougoslavie n'était pas son économie, certainement en meilleure forme que celles de ses voisines roumaines ou bulgares, mais bel et bien ses nationalismes, sources de conflits depuis un siècle.

A ce titre là, la guerre y a fait rage pendant la plus grande partie des années 90. Entre les Serbes, les Croates et les Bosniaques (soit, grosso modo, entre les orthodoxes, les catholiques et les musulmans), la lutte pour le contrôle de territoire fut sanglante. Le guerre entre les Serbes et les Bosniaques concernant l'indépendance de la Bosnie-Herzegovine a été particulièrement difficile, notamment lors du siège de Sarajevo. Le conflit entre serbes orthodoxes et musulmans indépendantistes se retrouve également dans le cas du Kosovo. Les cicatrices sont encore vivaces. Dans le cas de la Croatie, le pays réussit relativement à mettre cela de côté, se rapprochant en cela de la Slovénie. Le pays peut prétendre adhérer à l'Union Européenne, et des négociations sont sur le point de débuter. Il y a pourtant un obstacle de taille : le manque de collaboration des autorités croates dans la capture des criminels de guerre des anciennes guerres.

Quant à la Serbie, elle semble encore tourmentée par la perte de son rang d'élement central au sein de l'ensemble qu'était la Yougoslavie. Les indépendances du Kosovo et du Montenegro sont encore mal acceptées, et la vie politique y est très mouvementée, voire dangereuse. La notion de "poudrière des Balkans" peut y sembler encore d'actualité. Dès lors, il est peu probable que la Serbie puisse adhérer dans un avenir proche à l'Union Européenne. Les Serbes eux-mêmes ne semblent pas se poser la question. Le Montenegro, lui, déclare son indépendance pour justement mieux se jeter dans les bras de l'Europe. Avec le Kosovo, ils pourraient en effet être éligibles à l'adhésion, mais l'on peut se poser la question de l'opportunité de multiplier le nombre de micro-Etats dans les instances européennes. Il faudra de toutes façons que la question serbe soit vraiment calmée d'ici là.

La Bosnie-Herzegovine peut elle aussi prétendre adhérer à l'Union Européenne. Ce serait déjà un démenti à ceux qui croient que la religion est un critère d'appartenance à l'Europe. La Bosnie et l'Albanie sont majoritairement musulmanes, mais n'en appartiennent pas moins à l'Europe en tant que territoire. Mais là encore, il faudrait auparavant que les blessures se cicatrisent dans le cas de la Bosnie, et pour l'Albanie que l'économie soit vraiment plus forte et se rapproche un minimum des niveaux du reste de l'Europe. D'une manière générale, la Yougoslavie a donc vocation à se retrouver en quelque sorte réunie au sein des instances de l'Union Européenne. Mais les dates d'arrivées seront probablement très étalées dans le temps.