L'image de la Roumanie en France est celle d'un pays très pauvre, l'un des plus pauvres de l'Europe. Si le pays n'a jamais vraiment été dans le groupe de tête des pays les plus influents d'Europe, la période communiste n'a pas facilité non plus le développement économique roumain. Pourtant, cette perception de grande pauvreté est probablement surtout due au fait qu'il y a une certaine confusion en France entre la population nomade des Roms, qui sont originaires de Roumanie, et l'ensemble des Roumains. Aux Roms sont souvent associés l'idée qu'ils survivent par la mendicité et les vols, une image semblable à la plupart des gens du voyage. L'ouverture des frontières a permis l'entrée de nomades roms en France, fuyant la pauvreté dans leur pays d'origine, et laissant penser que la Roumanie étant effectivement un pays où règne une grande pauvreté. En fait, les Roms souffrent bien de pauvreté en Roumanie, mais ce n'est pas forcément le cas du reste des Roumains, qui forment une majorité ethnique. Dans son ensemble, la Roumanie est loin d'aller aussi mal que cela, bien au contraire. A l'instar du reste de l'Europe de l'est, la fin de l'emprise soviétique (traduite là-bas par une spectaculaire révolution contre le dictateur communiste local, Ceausescu) a permis une forte croissance, résultat d'un phénomène de rattrapage vis-à-vis des pays de l'Europe de l'ouest.

Ainsi, la Roumanie s'est fortement développée dans la dernière décennie, connaissant des taux de croissance largement supérieurs à 5 %. Certes, la base initiale fait qu'il faudra encore du temps pour que la Roumanie arrive à un niveau semblable de PIB par habitant à ne serait-ce que celui de pays comme la Hongrie. Il reste une véritable hétérogénéité des niveaux de vie dans les pays de l'Europe centrale et orientale. Mais la forte croissance de la Roumanie se fait non seulement sur sa main d'œuvre bon marché, mais également sur la création de véritables compétences technologiques dans divers domaines, comme celui des machines outils. Le succès des voitures Logan, produite par le fabricant local Dacia dans le cadre d'une alliance avec Renault, en Roumanie mais aussi dans le reste de l'Europe est un symbole de ce qui peut y être fait en terme de produits de qualité et de faibles coûts. Avec la Bulgarie, la Roumanie est entrée dans l'Union Européenne le 1er janvier dernier, et s'attèle désormais à atteindre les critères de Maastricht pour pouvoir adopter l'euro. Dans ce cadre, les finances publiques sont saines : les déficits publics représentent moins de 3 % du PIB, et la dette publique elle ne représente que 20 % du PIB, ce qui est bien loin des 65 % français. Le seul obstacle restant à l'adoption de l'euro est l'inflation assez forte, de l'ordre de 6 %, conséquence de la surchauffe de l'économie roumaine. De même, la Roumanie fait bien mieux que plusieurs pays d'Europe de l'est, et en premier lieu la France, avec un taux de chômage qui tourne autour des 4,5 %.

Vu comme cela, il y a bien moins lieu de s'inquiéter pour ce pays qui se développe très vite, de la même manière d'ailleurs que sa voisine la Bulgarie. La persistance de la présence des Roms en France est plus la conséquence d'une discrimination en Roumanie (et qui existe aussi en France d'ailleurs) que l'absence de perspectives de développement pour le pays. Si le chemin du rattrapage est encore long pour la Roumanie, celle-ci peut au moins se féliciter que l'horizon soit dégagé pour elle.