mercredi 19 janvier 2011
Les centristes de l'UMP
Par xerbias, mercredi 19 janvier 2011 à 13:12 :: Faits politiques
La probable candidature de Hervé Morin à la prochaine présidentielle poussera le Nouveau Centre à marquer davantage son indépendance vis-à -vis de l'UMP. Ce parti politique a été créé pour représenter une alternative entre l'intégration pure et simple des centristes dans l'UMP d'une part, et le choix de l'opposition au sein du MoDem d'autre part. Mais à l'origine, l'UMP avait vocation à rassembler tous les centristes, et créer une union forte entre RPR et anciens de l'UDF (Démocratie Libérale compris). Est-ce une réussite ?
D'abord, il faut bien voir l'angle purement électoraliste. Les divisions anciennes entre centristes et gaullistes étaient la source de multiples échecs électoraux, et de bien des complications une fois au pouvoir. Aux présidentielles de 1981 et 1988, les ressentiments étaient d'autant plus forts que c'étaient deux forces à peu près égales qui se disputaient en fin de compte un électorat à peu près similaire. En 1993, la majorité était si large que les Premier ministres se plaignaient du manque de cohésion et des divisions internes... ce qui sera un des motifs de la dissolution. L'UMP devait donc rassembler tout le monde, permettre à chacun de participer aux décisions, et de d'empêcher les défaites par division. Au niveau des résultats électoraux, depuis 2002, pour les élections nationales, c'est une réussite. L'UMP a remporté deux présidentielles et les deux législatives d'affilée, ce qui ne s'était pas vu depuis longtemps.
Mais par rapport au plan initial, quelque chose ne s'est pas déroulé exactement comme prévu. La totalité de l'UDF n'a pas rejoint l'UMP. A la base, cette fusion était déjà opérée par le RPR, puisque voulue par Jacques Chirac. En 2002, François Bayrou avait préféré faire cavalier seul plutôt que de soutenir le Président sortant, contrairement à bon nombre de ses camarades. Il ne voulut pas intégrer l'UMP, et préféra préserver une UDF indépendante, pendant qu'une partie de ses troupes, le Parti Radical et Démocratie Libérale (DL) jouait le jeu de l'alliance. François Bayrou se déclarer indépendant, mais dans la majorité, et ils ne furent plus qu'une vingtaine de députés autour de cette position. Pendant ce temps là , les centristes qui ont joué le jeu étaient bien mieux représentés au Parlement.
Sur le plan des pratiques politiques, cette fusion a quand même changé certaines choses. Déjà , la disparition du RPR a permis à ceux qui en étaient issus d'assumer l'évolution qu'avait connu cette famille politique. Il n'était par exemple plus question de taper sourdement sur la construction européenne, comme ce fut le cas lors de l'appel de Cochin de Jacques Chirac en 1979. Le gaullisme sans De Gaulle, trente ans après la disparition du général, ne rimait plus à grand chose. Revendiquer son appartenance de droite n'était plus un interdit. De même, les idées libérales ou pro-européennes se sont davantage inscrites dans la pensée de la droite dominante. Lors du référendum de 2005 sur le TCE, l'UMP n'était plus aussi divisée sur la question européenne que lors du Traité de Maastricht de 1992.
Au niveau de la représentation, les non RPR étaient très bien représentés au départ. Il y avait un certain équilibre dans la répartition. Le Premier ministre était DL, le numéro deux du gouvernement RPR, le président de l'Assemblée Nationale RPR, le président du groupe UMP était UDF, le président de l'UMP était RPR, son vice-président DL, le secrétaire général UDF. Mais pour que l'équilibre fut optimal, il manquait toujours la dernière partie de l'UDF, ainsi que la personnalité de poids qu'était François Bayrou. La persistance de celui-ci à prétendre que le vrai centrisme devait être indépendant a fini par miner les centristes de l'UMP.
Etait-ce parce que le conflit avec le centrisme (de l'UDF restante) demeurait que l'UMP lui a fait moins de place, ou bien est-ce parce que l'UMP a fait moins de place au centrisme que celui-ci s'est quelque peu marginalisé ? Toujours est-il qu'avec l'arrivée de Nicolas Sarkozy à la présidence de l'UMP et de Dominique de Villepin à Matignon, le retour en force des hommes du RPR était éclatant. Ces dernières années, ceux-ci essayèrent d'expliquer qu'il n'était pas pertinent d'essayer d'analyser le poids de chaque tendance au sein de l'UMP, au motif qu'on serait passé à autre chose et que la fusion serait totale. C'est plus facile à dire lorsque son ancien courant domine outrageusement les autres et qu'il faut les inciter à se taire.
En méprisant presque ouvertement les centristes que ce soit au gouvernement, à l'Assemblée ou dans les instances du parti, l'UMP ne se rend pas service. C'est bien elle qui pousse aux divisions, et à multiplier les candidatures centristes à la présidentielle, alors que Nicolas Sarkozy préférerait être aussi fort que possible au premier tour. Au final, la garde rapprochée fidèle mais aveugle qu'il a mise en place ne le sert pas.
D'abord, il faut bien voir l'angle purement électoraliste. Les divisions anciennes entre centristes et gaullistes étaient la source de multiples échecs électoraux, et de bien des complications une fois au pouvoir. Aux présidentielles de 1981 et 1988, les ressentiments étaient d'autant plus forts que c'étaient deux forces à peu près égales qui se disputaient en fin de compte un électorat à peu près similaire. En 1993, la majorité était si large que les Premier ministres se plaignaient du manque de cohésion et des divisions internes... ce qui sera un des motifs de la dissolution. L'UMP devait donc rassembler tout le monde, permettre à chacun de participer aux décisions, et de d'empêcher les défaites par division. Au niveau des résultats électoraux, depuis 2002, pour les élections nationales, c'est une réussite. L'UMP a remporté deux présidentielles et les deux législatives d'affilée, ce qui ne s'était pas vu depuis longtemps.
Mais par rapport au plan initial, quelque chose ne s'est pas déroulé exactement comme prévu. La totalité de l'UDF n'a pas rejoint l'UMP. A la base, cette fusion était déjà opérée par le RPR, puisque voulue par Jacques Chirac. En 2002, François Bayrou avait préféré faire cavalier seul plutôt que de soutenir le Président sortant, contrairement à bon nombre de ses camarades. Il ne voulut pas intégrer l'UMP, et préféra préserver une UDF indépendante, pendant qu'une partie de ses troupes, le Parti Radical et Démocratie Libérale (DL) jouait le jeu de l'alliance. François Bayrou se déclarer indépendant, mais dans la majorité, et ils ne furent plus qu'une vingtaine de députés autour de cette position. Pendant ce temps là , les centristes qui ont joué le jeu étaient bien mieux représentés au Parlement.
Sur le plan des pratiques politiques, cette fusion a quand même changé certaines choses. Déjà , la disparition du RPR a permis à ceux qui en étaient issus d'assumer l'évolution qu'avait connu cette famille politique. Il n'était par exemple plus question de taper sourdement sur la construction européenne, comme ce fut le cas lors de l'appel de Cochin de Jacques Chirac en 1979. Le gaullisme sans De Gaulle, trente ans après la disparition du général, ne rimait plus à grand chose. Revendiquer son appartenance de droite n'était plus un interdit. De même, les idées libérales ou pro-européennes se sont davantage inscrites dans la pensée de la droite dominante. Lors du référendum de 2005 sur le TCE, l'UMP n'était plus aussi divisée sur la question européenne que lors du Traité de Maastricht de 1992.
Au niveau de la représentation, les non RPR étaient très bien représentés au départ. Il y avait un certain équilibre dans la répartition. Le Premier ministre était DL, le numéro deux du gouvernement RPR, le président de l'Assemblée Nationale RPR, le président du groupe UMP était UDF, le président de l'UMP était RPR, son vice-président DL, le secrétaire général UDF. Mais pour que l'équilibre fut optimal, il manquait toujours la dernière partie de l'UDF, ainsi que la personnalité de poids qu'était François Bayrou. La persistance de celui-ci à prétendre que le vrai centrisme devait être indépendant a fini par miner les centristes de l'UMP.
Etait-ce parce que le conflit avec le centrisme (de l'UDF restante) demeurait que l'UMP lui a fait moins de place, ou bien est-ce parce que l'UMP a fait moins de place au centrisme que celui-ci s'est quelque peu marginalisé ? Toujours est-il qu'avec l'arrivée de Nicolas Sarkozy à la présidence de l'UMP et de Dominique de Villepin à Matignon, le retour en force des hommes du RPR était éclatant. Ces dernières années, ceux-ci essayèrent d'expliquer qu'il n'était pas pertinent d'essayer d'analyser le poids de chaque tendance au sein de l'UMP, au motif qu'on serait passé à autre chose et que la fusion serait totale. C'est plus facile à dire lorsque son ancien courant domine outrageusement les autres et qu'il faut les inciter à se taire.
En méprisant presque ouvertement les centristes que ce soit au gouvernement, à l'Assemblée ou dans les instances du parti, l'UMP ne se rend pas service. C'est bien elle qui pousse aux divisions, et à multiplier les candidatures centristes à la présidentielle, alors que Nicolas Sarkozy préférerait être aussi fort que possible au premier tour. Au final, la garde rapprochée fidèle mais aveugle qu'il a mise en place ne le sert pas.